Le mois dernier, les membres de l’équipe du Vertigo Club à Grenoble a fêté les 20 années d’existence de leur établissement de nuit désormais mythique en ville et dans le reste du pays. On a rencontré pour l’occasion Antoine Nemoz, responsable communication et assistant à la programmation des lieux.
Le numéro 18 de la Grande Rue de Grenoble a d’abord été une maison close avant de devenir un club généraliste puis, enfin, Le Vertigo Club. C’était le 20 juin 1997, soit il y a pile 20 ans maintenant.
À l’initiative de Camille Bahri, un ancien raver qui a choisi le nom de son club en hommage au Vertigo qu’il fréquentait lors de ses études à Los Angeles courant 80, le club est donc ce qu’on peut appeler une référence dans le milieu de la nuit made in France. La preuve : s’y sont succédés des artistes comme Laurent Garnier, Jeff Mills, Felix Da Housecat, Cassius, Agoria, Martin Solveig, Ivan Smagghe, Kenny Larkin, Green Velvet, Yuksek… et beaucoup d’autres encore. La spécificité de la programmation, ici ? L’ouverture. Ainsi, David Guetta viendra jouer un soir et Shonky d’Apollonia un autre. Le mythique Josh Wink laissera les clefs de la salle aux plus jeunes garçons de Bon Entendeur et l’amateur du rap de Brodinski sera aussi comblé que le techno addicts fan de Marc Romboy.

Le Vertigo Club à Grenoble
Après plusieurs jours d’anniversaire le mois dernier, on a décidé de faire le point sur ces folles années de fêtes avec Antoine Nemoz, responsable communication et assistant à la programmation du Vertigo Club. Rencontre.
La Villa Schweppes : Avec le recul, quel restera la ou les meilleures soirées du Vertigo depuis son ouverture?
Antoine Nemoz : Difficile de répondre à cette question après 20 années d’activité, surtout que si on la pose à Camille (patron du club), Thomas Villard (co-programmateur actuel), Jean-Marc Roche (ancien programmateur et DJ résident), aux anciens ou actuels membres du staff ou à moi-même qui suis le responsable communication depuis 3 ans. Mais, historiquement, ce sont les noms comme Laurent Garnier ou Jeff Mills qui ressortent souvent car il est rare que des pionniers de leur envergure se soient produits dans des clubs de taille moyenne comme le nôtre et en “province” de surcroît.
Et le pire “fail” vécu ?
AN : On ne peut pas dire qu’il y ait eu de “fail” à proprement parler. Bien-sûr qu’il y a eu des soirées ou on n’a pas eu le monde qu’on attendait mais, croyant en notre programmation et à ce qu’elle pouvait apporter à Grenoble, on a toujours essayé de voir le coté positif des choses. Chaque invitation est une rencontre, donne lieu à un repas avec le staff du club avant la soirée. C’est du pur partage, des moments très forts ! Par exemple, le public ne s’est pas bousculé pour Felix Da Housecat mais cela nous a permis de recevoir, rencontrer, discuter avec un pionnier et, surtout, un mec en or. La passion maintient cette positivité. Sans elle, le Vertigo ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui et ne pourrait pas célébrer ses 20 ans aussi dignement.
Vous invitez des collectifs locaux ? Des noms de collectifs/ artistes locaux à nous conseiller et à suivre de près ?
AN : Notre large week-end d’anniversaire s’est déroulé en 4 actes : Le jeudi avec une soirée regroupant les principaux représentants des associations et collectifs grenoblois proches du club, le vendredi avec Miss Kittin, le samedi avec Yannick Baudino et Stéphane Deschezeaux (anciennement Human Body) et le mardi avec une Boiler Room.

Miss Kittin lors des 20 ans du Vertigo Club
La soirée du jeudi répond parfaitement à cette question : on a fait un b2b à 16 mains (8 DJs, soit l’un des plus grands back to back dans l’histoire de club) avec Limon (Groove Jam), Nikizi (Icone, Eddy Rumas), Cosmic Clap (Cllctve), StinkyB (La Maiz), Amen (Mouvement Perpetuel), Mazigh (The Dare night), Mendez (Äme Meute) et moi-même pour représenter le club et ma structure Closed Collar. Tous ces DJs et les collectifs qu’ils représentent sont à suivre de très près. On croit en eux et on respecte beaucoup les artistes, promoteurs et humains qu’ils sont.
Dans vos rêves les plus fous, à quoi ressemblerait votre soirée idéale ?
AN : Une soirée où toutes les générations dansent et font la fête ensemble. On entend de plus en plus des phrases comme “Je n’y vais pas, y’a trop de kids” ou “Je n’y vais pas, y’a trop de vieux”. Les personnes de différents âges ne peuvent plus faire la fête ensemble, statuant qu’elles ne se comprennent pas alors qu’elles n’essayent, au final, même pas de se comprendre. Quand un mec de 25 ans me dit qu’il ne va pas à tel ou tel endroit parce qu’il y trouve trop de jeunes, j’aimerais pouvoir le ramener 7 ans plus tôt quand lui avait 18 ans, sortait en soirée et était à la place de ces mêmes “jeunes”. Eh les gens, la moyenne d’âge des clubs ne rajeunit pas, c’est juste vous qui vieillissez !
À quel DJ(s) confieriez-vous les clefs de votre club ?
AN : La liste des fantasmes est longue et, encore une fois, la réponse devrait varier selon Camille, Thomas, et moi-même. Passé un temps, Oxia avait sa soirée de résidence Reflex au Vertigo. C’était le jeudi soiret des artistes comme Garnier, Smagghe, Agoria et Josh Wink s’y sont produit. C’est une bonne chose de confier les clefs du club à un DJ pilier grenoblois. La plupart habitent encore à Grenoble, ils connaissent donc leur ville, ses nuits et son public comme personne.
C’est quoi “l’hymne musical” de votre club (un ou plusieurs track(s) représentatif(s)) ?
AN : Beaucoup “d’hymnes” ont dû s’enchaîner en 20 ans mais les “tubes” des artistes majeurs grenoblois font surement partie des morceaux ayant le plus tourné au Vertigo : Le “Domino” d’Oxia, le “Flesh & Bone” de The Hacker, le “World Cup” de Kiko… Ces titres ont été produits à Grenoble, leurs pères viennent d’ici et ça peut se ressentir dans l’accueil du public lorsqu’ils sont joués au Vertigo. Un mélange de joie et de fierté emplit alors l’atmosphère du club. Sinon, beaucoup choisiront le “I Follow River” de The Magician pour représenter le club. Il s’agit sûrement de l’un des titres les plus joués ici car il est capable de rassembler sur la piste amateurs et moins amateurs de musique électronique.
Dites-nous une chose que l’on ne sait pas sur votre club.
AN : Historiquement, le lieu a toujours été un emplacement dédié à la vie nocturne. Il fut d’abord une maison close, puis un club en tout genre et, depuis 97, le Vertigo Club. Cela fait donc bien plus de 20 ans que les Grenoblois vivent la nuit entre ces murs ! Cela rajoute un petit quelque chose à l’atmosphère du club qui est presque un monument historique de la fête.
Quoi de prévu côté programmation à venir ?
AN : Pour le moment, on va garder ça dans notre manche. Après 20 ans d’activité, il est toujours aussi important d’apporter des choses nouvelles, de ne pas jouer sur les mêmes terrains que les autres établissements de la ville et de continuer à surprendre Grenoble et son public. Après tous ces artistes, une Boiler Room et 4800 nuits environ, le Vertigo Club aura laissé définitivement son empreinte dans le paysage électronique grenoblois. Mais il y a toujours plus à apporter et l’histoire n’est pas encore finie !
Le Vertigo Club18 Grand Rue, 38000 GrenobleOuverture du mardi au samedi, de minuit à 5h30Entrée gratuite les mardis, mercredis et jeudis. 10 euros les vendredis, samedis et soirées spécialesLa page Facebook du Vertigo ClubL’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.