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Yseult, Rae Sremmurd, Remi Parson… Le 1er Rayon Frais de 2015

2015 commence fort avec les deux roquets de Rae Sremmurd, les yeux d’Yseult, le disque addictif de Remi Parson et l’album à 1000$ de Nipsey Hussle.

Rae Sremmurd, promesses tenues

Qu’est ce qui agite la superette ? Les deux pipes derrière deux des plus gros clubs anthems du rap en 2014, aussi protégés de l’indispensable Mike Will Made It sortent leur premier LP.

On s’en relève la nuit ? Oui. Outre Try Me, Coco, U Guessed It ou Tuesday, 2014 a accueilli No Type et No Flex Zone deux hits aux mécaniques bien roulées signés Rae Sremmurd. Si de prime abord tout le monde se sentait coupable d’aimer ces deux roquets en bas âges, force était d’admettre que le duo gère à merveille le chop, ce flow sudiste hyper poseur qui, pour ne rien gâcher, fleurissait sur deux prods de Mike Will Made It. Et Mike Will l’a fait. Le producteur, qui a flairé le potentiel des poussins, a décidé de produire entièrement leur premier album. Pour autant, Mike Will fait-il toute la sève de ce Sremmlife ? Non. Le producteur pose les fondations et le duo l’habille et le meuble bien. Les enfants devant passer par une phase de mimétisme pour apprendre, on retrouve des choses piquées à Future et l’on croirait reconnaitre Lil Wayne par moment. Des parentés saines pour s’élever dignement. Ce premier album est l’oeuvre d’un trio entre la paire inspirée et le producteur/mentor s’assurant de la cohérence et du poids de ce projet. Rae Sremmurd parvient en un album à emmener l’authenticité sudiste vers le succès populaire.

Remi Parson, on persiste et signe.

Pourquoi la supérette s’agite ? On vous avait présenté le premier extrait de son album, “Gomina”, avant de vous proposer l’écoute exclusive dudit long format, Précipitations. Sachez qu’on a passé la période fêtes à écouter en boucle, 24 heures sur 24, les neufs morceaux de ce très joli disque. On l’a exploré de fond en comble, on vous en fait donc un nouveau rapport.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Oui. Ce disque est la plus belle chose qui pouvait ouvrir 2015. On y trouve tant de couches de lectures qu’on y perd toutes certitudes au fil des écoutes : le disque est à la fois marqué par les 80’s, certes, mais aussi par un son lo-fi référencé et maîtrisé. Les textes oscillent entre une excellence premier degré et la pudeur de sucres raffinés. Certains morceaux, les plus alambiqués, restent en tête, obsèdent, à l’image de ce “Picaresque” la rythmique désossée. Le résultat flirte avec l’idée qu’on se ferait d’un romantisme sous codéine, tendre, doux, vaporeux, mais aussi évocateur : l’album ne cesse d’amener à mille et une références très variées à force de micro-détails qui éveillent l’imaginaire. On retouve The Cure, évidemment, mais aussi des génériques de séries kitsch américaines ou certains placements de voix troubles mais addictifs dignes de Miossec et consorts. Pour synthétiser, Parson réussit là où, depuis le début de la décennie, tout une immense majorité des français se sont plantés : voici l’électro pop post-80 parfaite, dense mais abordable par tous.

Qu’est-ce que ça vaut un album de Nipsey Hussle à 1000$ ?

Qu’est ce qui agite la superette ? Nipsey Hussle, semi marathonien du hip hop de l’Ouest réitère le schéma de son LP à succès Crenshaw (1000 copies à 100$ pièce) sur cette neuvième mixtape où l’une des 100 éditions physiques coute 1000$ .

On s’en relève la nuit ? Tout dépend. Le milieu où l’on cède ses mixtapes à l’oeil et à tour de bras semble se questionner sur le prix d’une oeuvre en hip hop. Le Wu Tang a jeté un pavé dans la marre en annonçant vouloir vendre un album à copie unique (partant du postulant que dans les Beaux-Arts, l’unicité/la rareté d’une oeuvre fixerait son prix) au prix de cinq millions de dollars. Hussle suit le même schéma en vendant à prix d’or des formats physiques en éditions très limitées de mixtapes (téléchargeables gratuitement). Tenant lui aussi à raccourcir le lien entre l’auditeur et l’artiste, Hussle ne justifie son ambition que par l’idée de revaloriser le rap et prouver par le prix que ce sont de véritables objets d’Art. Donc si l’on se fie à son statut de mixtape, Mailbox Money est d’excellente facture, Nipsey s’entoure de Mike WiLL Made It, Hit-Boy, DJ Mustard ou Scoop DeVille (et un Rick Ross anodin en featuring) les prods sont bien taillées, le spleen de l’Ouest est omniprésent, le message clair (l’accession à la réussite et ses embuches), l’objet cohérent et fait d’un même bois. Si l’on s’en remet au prix, des produits concurrents de la même gamme – au hasard Good Kid, M.A.A.D City – constituent des chefs d’oeuvres d’écriture, storytelling et des bijoux de productions d’une ambition bien supérieure. Une très bonne mixtape mais une oeuvre loin d’être hors du commun.


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Yseult, la télé en plus cool

Pourquoi la supérette s’agite ? Après un départ assez moyen qui nous faisait jouer aux oiseaux de mauvais augure, la candidate marquante de la Nouvelle Star lance aujourd’hui son premier album. Après la révélation du single “Bye Bye Bye” dans nos pages, on était assez curieux de découvrir son disque, qu’elle a conçu avec l’aide de Da Silva à la réalisation. Ce disque fera-t-il émerger la jeune chanteuse du creux de… la vague ?

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Écouter Yseult après Remi Parson n’est pas forcément la condition idéale pour apprécier le meilleur du disque de la jeune fille. Pourtant, une fois dépassé un son parfois trop standardisé et quelques arrangements parfois trop entendus, on ne peut finalement que saluer cet album qui dépasse une immense majorité de disques d’artistes issus de télé-crochets. Sa passion pour Metronomy et Lily Wood & The Pricks l’a mené vers d’autres territoires, et c’est ici vraiment louable. Le mieux est certes l’ennemi du bien, mais le mieux, c’est déjà bien.