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Thom Yorke, The Dø, Prince… Le Rayon Frais du 29 septembre

Nous avons testé la fraîcheur des nouveaux arrivages de disques de cette semaine. Au programme : le nouveau The Dø, le double Prince, l’album surprise de Thom Yorke, Yelle, Marianne Faithfull…

Thom Yorke : “Tomorrow Modern Boxes” n’est-il qu’une jolie boite ?

Qu’est-ce qui agite la superette ? Trois ans d’attente et un message annonçait vendredi que Thom Yorke ferait paraitre un deuxième long dans les vingt minutes. Magma médiatique, éruption sur les réseaux sociaux, quel que soit votre fuseau horaire, l’heure appartenait à Yorke. Thom Yorke qui, après “ces profiteurs de Spotify“, boude les labels et souhaite simplifier la connexion avec l’auditeur et repenser la redistribution des profits. Seul quelqu’un de son envergure peut se le permettre : Thom Yorke utilise BitTorrent – plateforme bien connu des filous de l’Internet pour se procurer illégalement des oeuvres – afin de vendre 6£ son dernier disque. Il a raison, downloadé 250 000 fois en un peu plus de 48h, le modèle s’avère payant pour Yorke (qui engrange 250 000 x 6£ = 1 500 000£).

On s’en relève la nuit ? Oui et non. De prime abord, ce deuxième solo donne la désagréable impression qu’il ne cherche à surprendre que via son business model. Le brailleur en chef de Radiohead produit avec un cahier des charges assez précis sur les genoux, où à chaque page cite les quelques esprits que Yorke invoquent régulièrement (Four Tet, Modeselektor, Apparat…). En compagnie de l’indétrônable Nigel Goodrich, les deux retombent dans leurs travers: pas de chansons, ou alors mal cernées, sans contours, des synthés que l’on a vu venir depuis Kid A, déception sans bornes que l’on a vu venir depuis Ok Computer, visions abattues d’un monde stériles que l’on vu venir depuis Idiotheque, spleen à étages et architectures rainurées radioheasque… bref vous l’avez vu venir. Avant de télécharger l’objet vous saviez à quoi vous alliez avoir affaire et Thom peut parfois radoter en mimétisme (sans nécessairement sombrer dans la parodie). Néanmoins, le sentiment de boite y est. Asphyxiant, sombre, à l’acoustique étouffée, Yorke réussit malgré tout à traduire un sentiment de claustrophobie fort sur ce Tomorrow Modern Boxes. Un LP qui a des parois, contraignantes lorsqu’elles limitent son esthétique mais intéressantes lorsque, palpables, elles font parties de son esthétique. C’est ça la boite moderne de Yorke : ni vide, ni surprenante, elle contient les fondamentaux de Thom.

La surprise The Dø

Qu’est-ce qui agite la supérette ? Depuis A Mouthful, The Dø n’a cessé d’entretenir le mystère, avec entre autre un album en demi-teinte Both Ways Open Jaws. Leur grand retour laissait planer le doute. Mais la sortie du single “Keep Your Lips Sealed” nous a fait retourner nos vestes. On y retrouvait la naiveté martiale du premier disque, ré-actualisée, ce qui donc ne pouvait qu’intriguer.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Si le hit sus-nommé fonctionne très bien, les “Trustful Hands” ou “Despair, Hangover & Ecstasy” manquent parfois de densité. Mais globalement, The Dø retrouve ici une certaine fraîcheur plutôt agréable. Avis aux popeux !

Yelle, l’injection pop de la rentrée

Qu’est-ce qui agite la supérette ? Yelle revient à l’américaine et offre un 3ème album. Ils ouvrent ici leur cercle à des producteurs américains tel que Dr Luke et appelle Tacteel à l’écriture. La grosse dose pop de la rentrée.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? C’est prévu à cet effet. Si la première écoute peut dérouter certains, on devient vite accro à ce nouveau bonbon. L’album s’écoute comme un Carambar se mange : l’ouverture est un peu compliqué mais le caramel est toujours aussi bon. Le tout est exhaustif, un album complet et on se laisse porter par la douce naïveté des paroles. Lorsque nous étions parti à sa rencontre, Yelle se confiait “il y a un juste équilibre entre ce que nous faisions avant et ce nouvel album“. L’équipe a su s’américaniser tout en gardant le contrôle sur leur identité. C’est du Yelle mais en plus gros.

Prince prend une cure de jeunesse

Qu’est-ce qui agite la supérette ? Prince sort deux album en même temps, Art Official Age et Plectrum Electrum. Le premier est enregistré seul, le second avec son groupe, 3rdeyegirl. Une arrivée en force. Le roi du groove funk va-t-il réussir le grand doublé ?

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Art Official Age est étonnement électronique, moderne et jeune. Prince y développe par moment des accents bass, revient à sa grandiloquence à l’envie, et tire par moment vers un genre de future FM. Le climax sera le fascinant “Funknroll”, résolument moderne pour lequel, oui, on se relèvera la nuit..

Plectrum Electrum, lui, se présente comme un vrai album de rock, toutes saturations dehors. On voit un instant Hole côtoyer les guitares de Jack White, sur fond glam. Moins brillant en tant que tel, celui ci devrait malgré tout vraiment plaire aux fans.

Faut-il encore faire confiance à Faithfull ?

Pourquoi la supérette s’agite ? Figure incontournable du rock’n’roll période “à la papa”, Marianne Faithfull est d’abord dans le culte en tant que groupie iconique. Mais elle est aussi forte d’une jolie carrière dans le cinéma – la performance incroyable dans Irina Palm ! – et de quelques disques marquants. Du coup, quand elle annonce un album avec des feats du calibre de Brian Eno ou Anna Calvi, on est naturellement très curieux.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Give my love to London est un beau disque, hors du temps, qui rappelle le disque de reprise qu’avait sorti Patti Smith : solide musicalement, servi par une voix charismatique, rock par instant, ultra américain – malgré son nom. C’est un album pour les petits creux : lassé de vos playlists habituelles ? Un petit tour par Faithfull fait alors le plus grand bien.

Panier Bio : l’indie, la musique au naturel

Les activistes de chez Casbah Records viennent de réaliser le fantastique album de Cowbones, Vox Populi Polux. A mi chemin entre garage-punk et grand huit noise, les Cowbones frappent dur, ce sera la batte de base-ball de la semaine.

Le label InFine vient de sortir le nouveau EP d’Almeeva, “Anamorphic”. Une jolie pièce d’électro atmosphérique qui, si elle ne change pas la face du monde, offrira une bande son idéale à la lumière blanche parfois éblouissante de l’hiver qui commence doucement à s’annoncer.