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TEPR : “Il m’a fallu du temps pour savoir ce que je voulais faire”

Pendant de nombreuses années, TEPR était l’un des membres du groupe Yelle. De son vrai nom Tanguy Destable, le musicien et producteur électronique a décidé récemment de reprendre sa carrière solo, et, pour nous préparer à son retour, a dévoilé cet été sur son site internet un morceau à télécharger gratuitement, “U R th

Pendant de nombreuses années, TEPR était l’un des membres du groupe Yelle. De son vrai nom Tanguy Destable, le musicien et producteur électronique a décidé récemment de reprendre sa carrière solo, et, pour nous préparer à son retour, a dévoilé cet été sur son site internet un morceau à télécharger gratuitement, “U R the one I need”. Actuellement en pleine préparation son album, il a accepté de répondre à nos questions. Rencontre.

La Villa Schweppes : D’où vient ton surnom, TEPR ?

TEPR : Quand j’avais 20 ans, je voulais un pseudonyme qui soit court, un peu dur à prononcer et dont les gens se rappellent.

Comment as tu commencé ta carrière de DJ ?

C’est l’histoire typique du mec qui vient d’une petite ville et qui a du mal à trouver des musiciens avec lesquels jouer. Je viens de Morlaix dans le Finistère. Du coup, à 18 ans, je me suis acheté un sampler, une boite à rythmes, et j’ai monté un duo d’hip-hop instrumental, Abstrackt Keal Agram avec Lionel Pierres (qui joue dorénavant dans Fortune). On a fait 3 albums, et on a splitté en 2003. J’ai sorti à ce moment mon premier album solo. J’en ai sorti 3 en tout, jusqu’en 2007, tous très mélodiques et inspirés par la Bass Music (scène rap, hip hop et ghetto, un peu ce que fait actuellement Diplo ).

C’est à ce moment que tu as rencontré Yelle ..

Oui, en 2006. J’ai mis mon activité solo en suspens pour l’aider à produire ses 2 albums avec Grand Marnier, Pop Up en 2007 et Safari Disco Club en 2011. J’ai travaillé avec elle non stop pendant 4 ans, car le projet a pris une très grande ampleur assez rapidement, avec notamment deux tournées internationales vraiment énormes, le Japon, les Etats-Unis, l’Australie…

Tu as arrêté en 2010 ?

Oui, je voulais me recentrer sur mon travail. Entre-temps j’ai néanmoins donné un coup de main à Woodkid sur le début de sa tournée, du coup j’ai encore retardé l’échéance. En juillet 2012 j’ai décidé de vraiment tout arrêter et, jusqu’en mars de cette année, je n’ai fait que ma propre musique, et là, elle est prête à sortir, avec un EP, je l’espère, pour début 2014. J’ai donné un morceau en téléchargement gratuit cet été, un peu en point de départ.

Ton dernier album solo date de 2007 : tu ne te voyais pas du tout prendre du temps à côté pour ta carrière solo ?

J’ai essayé, mais je n’arrive pas à être bon partout à la fois. Je trouve ça important d’être dévoué à un projet. L’opportunité que j’ai eu avec Yelle était incroyable : on a ouvert pour Katy Perry en Angleterre, pour Mika en Europe, on a fait Coachella deux fois… je ne pensais même pas faire ça une fois dans ma vie. Je ne pouvais pas faire ça à moitié, par respect pour le groupe.

Tu as fait de nombreux remixes néanmoins…

C’était dur de faire des albums personnels pendant la période Yelle, mais tu peux toujours faire des remixes à l’arrière du tour bus, avec un ordinateur et des écouteurs. Et puis la majorité du morceau est déjà là, et la partie la moins négligeable puisque c’est la voix. C’était cool de faire un remix pour Santigold , pour La Roux, ou pour Martin Solveig…J’en ai fait pour les copains aussi, Housse de Racket, les Teenagers ou Yelle. Il y a eu une grosse remixologie entre 2007 et 2010 on va dire. Et là pareil, c’est un exercice que j’ai arrêté parce que cela prenait beaucoup de temps.

Et donc tu as commencé en 2012 à te pencher sur ta carrière solo…

Il m’a fallu du temps pour savoir ce que je voulais faire : de la pop, de la musique électronique dansante, de la musique électronique pointue ? J’aime les choses mainstream, j’aime les choses indie : pour moi il n’y a plus de limites. Il a fallu que je me recentre, que j’écoute les 40 morceaux que j’avais en stock et que j’essaie de trouver ce qui faisait sens ensemble. Ca m’a pris un an pour retrouver mon chemin et savoir ce que j’aimais.

Tu avais envie de quoi pour ce nouveau projet ?

J’aime les musiques qui font danser, mais j’aime aussi les textures sonores un peu modernes. Je prétend pas révolutionner ou faire la musique du futur : si j’arrive déjà à faire la musique d’aujourd’hui, et qui me plaise, ce sera déjà pas mal ! Mais je suis un énorme fan de R’n’B. Il y a toute une vague de rap et de r’n’b que j’aime et que j’aimerai à vie. “Try Again” d’Aaliyah est un morceau pour moi qui marche, et qui est très important. Aujourd’hui, il y a plein de producteurs que je respecte énormément, comme la bande de Toronto gravitant autour de Drake. Après, il faut que j’ajoute une dimension dansante, pour pouvoir passer dans les clubs.

Tu te vois collaborer avec un artiste R’n’B prochainement ?

J’aimerais bien, mais ils sont difficiles à approcher…La plupart des artistes avec lesquels j’aimerai travailler sont aux Etats-Unis, c’est un marché dans lequel il faut rentrer et dont je n’ai pas forcément toutes les clés. Je travaille néanmoins pour mon album avec des artistes dont je suis très fier comme Thomas Azier qui est pour moi le Justin Timberlake Hollandais. On est dans les mêmes recherches sonores. Je travaille aussi avec une jeune artiste suédoise, Marlene. Je travaille sur son album et elle contribue aussi à mon opus. Et puis d’autres gens avec qui c’est encore en cours de négociations…

Du coup, quand est prévu ce prochain album ?

J’aimerais beaucoup qu’il sorte fin 2014. C’est un peu l’album que j’attends de faire depuis longtemps. Il y aura beaucoup d’invités vocaux, mais aussi beaucoup d’instrumentaux. Je développe un peu les mêmes thématiques que sur mon dernier album solo qui date de 7 ans et qui s’appelait Côte Ouest : des musiques urbaines, un peu ghetto, beaucoup de mélodies, des sons actuels, et une vibe dansante …

Qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?

Je me suis pris une énorme claque avec l’album de Kanye West. Je suis un fan depuis le début, je ne suis pas le plus objectif… J’écoute beaucoup mes copains du Club Cheval, notamment l’EP de Sam Tiba qui est sorti récemment sur le label Pelican Fly, c’était mon EP de l’été. J’écoute toujours Aaliyah, Depeche Mode…Là je viens d’acheter l’album d’Earl Sweatshirt, je me tiens au courant de ce qui sort. Comme Lorde, cette petite chanteuse de Nouvelle Zélande. Je me suis aussi procuré le dernier James Blake, qui ne m’a pas vraiment emballé. Je suis un peu comme tous les mecs de ma génération qui évoluent dans les milieux musicaux…

C’est vrai qu’il y a plus vraiment de frontières entre les genres…

On vit une période musicalement vraiment excitante. J’adore qu’il y ait plein de choses, qu’il y ait le choix, j’adore que tout soit disponible tout de suite. Une partie des groupes et des Djs de ma génération ont vraiment bénéficié du fait qu’on pouvait télécharger notre musique. Ca nous a aidés à nous faire connaître. On n’était pas du tout distribués à l’époque, on était de tout petits artistes. Grâce au web, j’ai pu aller jouer en Amérique du Sud, aux Etats-Unis…Il y a plein de gamins qui font dès 15 ans de la musique plus facilement que moi au même age, parce que tout était compliqué. Se procurer des instruments, enregistrer…

Internet a vraiment changé la donne niveau musique…

Je ne me plaindrais jamais de la façon dont l’industrie musicale a évolué. Oui on gagnait plus d’argent avant, mais on découvre tellement plus de trucs aujourd’hui ! Il y a un média qui me sidère, c’est Soundcloud. J’y passe au moins deux heures par jour. Il y a plein d’artistes qui veulent qu’on les découvre, ils font des morceaux, permettent que ca soit telechargé gratuitement. Sur 10 comptes soundcloud que j’écoute, il y en a 9 de pas terrible, mais 1 qui est franchement super.

Tu te sens plutôt mainstream ou indé ?

Je pense que la question ne se pose plus. Tout le monde a dans son smartphone un morceau de Britney Spears avec à côté un morceau d’expé allemande. Le morceau qui a marqué la rencontre des deux, pour moi, c’est ” Drop it like it’s hot ” de Snoop Dogg produit par Pharrell Williams. Une production complètement bizarre qui a reussi à très bien se positionner dans les charts. C’est à ce moment là que je me suis dit qu’il y avait plus de limites !

Tu te vois produire de jeunes talents ?

Pas du tout ! J’aime beaucoup rencontrer de jeunes chanteurs ou chanteuses, et que ça matche, j’aime pas me forcer à travailler sur des projets. Quand ça ne me branche pas, je ne le fais pas. J’ai toujours le même ratio quand on me propose un projet. Je me base sur trois trucs : l’artistique, l’humain et l’argent. Souvent l’artistique et l’humain l’emportent sur le reste. Le temps est compté, ça ne sert à rien de bosser avec des gens avec qui cela ne se passe pas bien.

Tu es plutôt live ou studio ?

J’avais trop joué à un moment : que ce soit moi en Dj set, ou avec des groupes. J’étais trop sur la route, et je n’avais qu’une hâte, retourner en studio. Là ça fait un an que je suis en studio, je n’ai qu’une seule hâte, c’est de retourner jouer.

Tu sors beaucoup ?

Il y a une soirée immanquable pour moi à Paris, c’est la Flash Cocotte. Si on aime la House Music c’est toujours très pointu, et ils programment toujours le prochain gros truc. Ce sont des soirées où l’on ne se regarde pas de haut en bas. C’est complètement fou, dansant, sauvage.

Des lieux à conseiller ?

J’aime beaucoup le Social Club pour sa programmation, qui est en phase avec ce que je peux écouter. Je suis allé voir SBTRKT récemment, et puis Club Cheval.

Ta dernière grosse claque en live ?

Brodinski que je trouve toujours impeccable en live. J’aime bien sa façon de mixer, c’est très technique et pourtant on ne le voit pas. C’est beaucoup de feeling, il fait tout passer en douceur. Je danse sur chacun de ses sets. En claque pas du tout électronique, Queen of the Stone Age. Je les ai vu au Trianon, et c’était vraiment très très bien.

Les projets pour la fin de l’année ?

Je produis mon album, et je suis en négociations avec les labels. Je travaille aussi sur l’album de Marlene.

Tu cherches un label indé ou une major ?

Pour avoir bossé avec les deux, je dois avouer beaucoup aimer l’idée de petite boutique. De gens qui s’entourent et qui ont les mêmes gouts, les mêmes envies. Mais il ne faut pas sous estimer la force des majors, qui peuvent vraiment aider les artistes à avoir une exposition. Il faut trouver le label qui a le bon entre-deux…

Le site de TEPR

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