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Rencontre avec Gush en pleine quête

Gush revient le 7 avril avec un second album, Mira. Villaschweppes a rencontré le groupe au Trianon : ils racontent leur quête d’un nouveau son.

Villa Schweppes : Vous revenez en 2014 avec un nouvel album, Mira. D’où vient le nom de cet opus ?

Gush : C’est le nom d’une étoile solaire très ancienne, plus vieille et plus grosse que le soleil et qui fascine les astronautes depuis la nuit des temps. Ils l’ont baptisée ‘ Mira’, un nom tiré de ‘Mirabella’ qui veut dire ‘merveille’ en latin. Cela nous paraissait assez représentatif de l’album : se tourner vers quelque chose de solaire et de merveilleux.

Il y a quatre ans de battement entre cet album et le précédent Everybody’s God : qu’avez-vous fait pendant ce temps ?!

Nous sommes partis en tournée pendant deux ans et demi ! La première année surtout en France, et la seconde à l’étranger, notamment au Japon et aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Allemagne et en Angleterre. On s’est mis à travailler sur cet opus en 2011. Il nous a fallu deux ans pour concevoir ce disque.

Cet album a-t-il été difficile à composer ?

Cela n’a pas été difficile du tout, mais pas de tout repos. En parallèle de la composition on a développé tout le côté business en montant notre entreprise. Mais pour le disque, c’était facile. Nous sommes quatre à composer et avoir des idées. On est arrivés à la fin avec environ 50 chansons. Il a fallu ensuite procéder par élimination, s’accorder à quatre, et choisir celles qui nous plaisaient le plus et qui correspondaient au cadre qu’on avait posé, celui de la quête. On a trouvé le titre en dernier, mais ce concept est à la base de toute la réflexion musicale de cet album.

Quel était ce concept ?

Notre première envie était de renouveler le son, de faire quelque chose de radicalement différent et de se servir de tout le savoir accumulé sur notre premier disque, en le mélangeant à une vibration analogique.

Pourquoi cette nouvelle direction, d’ailleurs, plus électronique ?

On ne voulait surtout pas faire un disque qui serait identique au premier. On a envie de faire plein de choses, mais des choses différentes. On considère le groupe comme un artiste en lui-même. Comme peut le faire Beck, on souhaite imaginer des concepts différents pour chaque opus, comme autant de nouvelles tentatives. On dessine plusieurs périodes de notre vie de musicien.

Comment est venu ce son analogique avec ces synthés vintage ?

Avec le temps. On a une idée précise de ce que l’on veut et on arrive à autre chose au final. Ce qui est certain c’est que l’on voulait travailler les sons organiques et les sons synthétiques : avant de sortir notre premier disque on était dans une spirale avec des machines, des ordinateurs, à tel point qu’on en a eu marre lors du premier album et on a raccroché totalement. L’ordinateur a eu le sobriquet de ‘satan’ et a été recouvert d’insultes ! Puis, on y est revenus car il nous a beaucoup servi pour mélanger les sons : il y a des logiciels qui nous ont ouvert de nouvelles manières de faire de la musique sans forcément être musiciens. Soit toucher une souris ou bidouiller un potard, on a été très sensibles à ça. On a gagné en expérience au niveau de la production.

Quel type de son souhaitiez-vous pour cet album ? Il y a un son vintage mais aussi une ambiance futuriste…

On a écouté beaucoup de hip hop, plein de choses ! En fait on a gardé la base de notre musique qui comportait des sonorités vintage que l’on a mélangé avec des sons plus modernes. Des sons synthétiques qui émanent des ordinateurs. Pour nous ce qui était drôle c’était de faire un mélange, aussi avec des sons analogiques des années 1980, ça s’est fait naturellement.

Pensez-vous être influencés par la French Touch, comme Air ou le second album de Justice ?

On a écouté ces albums quand ils sont sortis à l’époque et ce sont des groupes importants car ils ont ouvert la voie pour la reconnaissance des groupes français à l’international. Evidemment on les suit et respecte à fond et cela fait partie de ce que l’on a ingéré dans notre passé, mais on ne s’est pas dit ‘tiens on va faire un album French Touch‘. En plus c’est une appellation très 1998… Gush est tourné vers le futur (rires). Si on devait avoir une référence, et c’était le cas avant même que leur dernier album ne sorte, c’est Daft Punk . L’ambiance très studio 1979 de Random Access Memories nous a surpris.

Ce qui est sûr c’est qu’on avait envie de faire un disque plus large dans le son, qui puisse passer en club. On avait un parti-pris sur le premier album avec un son très personnel et moins mainstream. On voulait un son plus ample, plus large, plus profond.

Le travail au niveau des harmonies vocales : on pense aux Bee Gees, à cette histoire de famille…

Oui on aime les voix, le fait de chanter à plusieurs, c’était un boulot important et on l’a amené différemment que sur le premier album. C’est un instrument pour nous, un vecteur.

Et les paroles ?

Tout est validé par nous quatre (et par Nelson Monfort qui parle un anglais impeccable).

Quels sujets souhaitiez-vous aborder sur Mira ?

Transcender ce que l’on disait sur le premier album : on aime bien parler de ce que l’on vit et ce que l’on ressent. Ça s’est orienté vers quelque chose de plus profond sur ce disque : la quête de la vérité, du soi etc. Il y a plein de lectures possibles en fait. Mais attention il y a des chansons plus légères et second degré sur le disque : on ne veut pas non plus uniquement se positionner sur de la réflexion interne qui peut s’avérer lourde à porter. On aime bien pouvoir parler de quelque chose qui nous fait rire, qui finalement fait aussi partie d’une certaine quête… Ces morceaux ceux sont du partage quand on rencontre notre public sur scène, on veut faire remuer les corps.

Comment avez-vous sélectionné les chansons parmi 50 ?

C’était différent du premier album où en fait l’un de nous amenait une idée et les trois autres se mettaient derrière pour l’accompagner. Là on a vraiment travaillé à quatre dès l’idée : un vrai travail d’équipe qui est assez long pour que tout le monde s’y retrouve, on apporte chacun une pièce du puzzle. Travailler en équipe ce n’est pas facile ! Et en famille, puisque l’on se connait depuis très longtemps, cela dépend un peu des êtres : s’il y a une bonne énergie ça marche, et c’est le cas entre nous.

Votre premier single “Siblings” fait référence à la famille ?

C’est un hasard de la thématique : le morceau est inspiré de plein de choses notamment d’une histoire vraie et lointaine qui implique des frères et soeurs, pas forcément que liés au sang, c’est au centre ‘être cher’ du mot. C’est sur les retrouvailles de ces personnes. C’est plus universel que familial. C’est ce qui émane de nous en ce moment : on a envie de parler aux gens, au monde.

‘Groupe de rock’ ça vous va comme qualificatif ?

C’est un vaste sujet ! Comme on dit souvent, pour nous NTM est un des derniers groupes de rock français… Dans l’énergie. Donc nous on est rock/pop si vous voulez trouver des mots pour nous qualifier. On écrit des chansons que l’on aime bien pouvoir décliner au piano ou à la guitare sèche. Le mot rock est un peu flou aujourd’hui. Ce n’est pas forcément le meilleur mot pour évoquer Gush : en France quand tu penses rock tu penses à la guitare électrique, au chant énervé, aux rythmes de batterie élevés. De l’énergie animale quoi.

Aviez-vous une pression pour ce second album ?

Oui forcément ! Et puis la maison de disques était surprise du virage que nous avions pris. Ils ont mis du temps pour trouver ça bien mais ils ont compris et finalement apprécié. Le public va être un peu surpris même si on avait exploré cet univers dès 2006, notamment los d’un concert à La Flèche d’Or, et que l’on avait exclu du premier disque. Donc ce sont des retrouvailles.

Etait-ce une manière de contourner l’angoisse du second opus ?

On était surtout angoissés de refaire la même chose et on se l’ait promis lors de notre première tournée. On voulait faire des morceaux qui donnent envie de bouger ! On avait pas mal de belles chansons plus aériennes et posées, mais on est allés vers le rythme pour que ce soit plus punchy.

Et votre morceau préféré sur l’opus ?

Ça dépend pour quoi faire, ça dépend des moments… “Siblings” est un morceau ‘étalon’ car il fournit une vision du son qui a orienté la direction de l’album. C’est notre locomotive. Ce morceau est dans notre coeur d’autant plus qu’il a eu plusieurs vies, on avait envie de le révéler. Il a apporté la lumière sur le reste de l’album.

Plutôt live ou studio ?

Le live et le studio sont complémentaires : l’un est une phase introspective, de clairvoyance et l’autre c’est le côté bac à sable. Il faut être un peu bipolaire : du pointilleux et perfectionniste au spontané. Le live arrête les questions, c’est frontal et ça fait du bien.

Une anecdote amusante à partager ?

Une fois j’ai perdu mes clés… Les marrantes ne sont pas racontables mais on en a plein. Attendez on va en trouver une pour enfant… Les anecdotes restent drôles si on ne les raconte pas en fait ! Ah si ! On a vu Snoop en tongues à l’aéroport de Nice : il était assis à côté de la copine de Mathieu dans l’avion. C’est marrant parce qu’il portrait des chaussettes avec ses tongues, et sur lui en fait c’est cool. Si on portait ça ce serait ridicule.

On a oublié une question ?

Oui, notre prochaine date de concert ! C’est le 21 mai au Trianon à Paris. Et on n’a pas parlé de la fin du monde… Plus sérieusement, sur scène on va sortir de la guitare acoustique : on aura deux ou trois formats pour présenter nos morceaux. Le live classique, le format ‘MC’ centré sur nous 4 aux micros, plus léger, plus mobile, et des surprises…

Il y aura des guitares quand même ?!

Il n’y en aura qu’une ! Mais on les aime toujours…

Gush sera rédacteur en chef invité de Villaschweppes le vendredi 4 avril.