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Rayon frais : les disques à consommer cette semaine. Para One, Collectif Metissé, Marc Desse…

Des merguez dépassées aux salades de fruits bio, on est allés juger de l’état de fraîcheur des disques qui sortent cette semaine!

Marc Desse – Nuit Noire

Si vous ne connaissez pas Marc Desse, c’est que vous êtes passés à côté de l’énorme hégémonie de la pop francophone actuelle. Le garçon sort aujourd’hui son premier album, sur le label Bordeaux Rock – qui avait aussi sorti une excellente compilation sur dix ans de rock à, justement, Bordeaux. Le disque s’ouvre sur “Ma Fiancée”, un brûlot de rock à l’ancienne, avec une rythmique un peu lourdingue. Heureusement, dès “Un Instant Heureux”, les choses vont se montrer un peu plus brillantes. Les 10 morceaux sont très référencés, ce qui sera à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse de cet essai : on ne découvre rien, mais on n’est pas brusqués. Plutôt agréable, du coup.

Date de péremption : A consommer rapidement.

Va – Raw Club Material

Teki Latex était venu nous raconter l’histoire de cette compilation dans une copieuse interview que vous trouverez ici. Vient l’heure du bilan : ce rassemblement de producteurs plutôt peu connus est une réussite. On parle ici de musique club, pourtant, on est très loin des longues plages de boîtes à rythmes incolores. Au contraire, la force de cette compilation, c’est qu’elle est tout à fait organique : chaque morceau est très vivant et, si évidemment certaines tracks sont plus passionnantes que d’autres, elles ont chacune leur propre espace, leur propre identité. Mentionnons particulièrement “Black Ice” par Deke Soto et “Analog Drums” par Toyc, de vrais belles aventures.

Date de péremption : A consommer jusqu’à la prochaine compilation Sound Pellegrino.

Collectif Metissé – Destination Fiesta

Comme chaque été depuis la fin des années 2000, le Collectif Métissé sort un nouvel album. Prenons ce disque pour ce qu’il est : un support de travail pour G.O. du Club Med ou d’animateur de vacances. A travers ce prisme, on ne peut que dire que l’album est une réussite : oui, les chorégraphies s’annoncent bouillantes au bord des piscines des campings de France et de Navarre. Checkons le tracklisting : le collectif exhume Bruce Channel et son “Hey ! Baby !” de 1962 à travers une version électronique nourrie aux beats reggaeton à la française, ce qui peut être vu comme une bonne chose, même si DJ Otzi lui était déjà bien passé dessus. Le reste des morceaux sont des reprises de grands hymnes populaires des 90’s, de “Saga Africa” à “Yakalelo”. La seule track inédite, “C’est Samba”, est pour le moins inspirée de cet univers, donc le tout est finalement cohérent.

Date de péremption : A consommer durant l’été, mais uniquement si vous êtes G.O., ou animateur de club vacances.

Para One – Club

Para One c’est pas loin de deux décennies au service de la belle électronique. Une main dans tout, un pied partout, Jean-Baptiste de Laubier a tout aussi bien un passé commun avec TTC, une carrière de soundtracker au cinéma (surtout chez Céline Sciamma, une camarade de la FEMIS) et son premier album Epiphanie était bêtement assimilé à ce qu’on voulait voir comme une French Touch 2.0 tant il ressemblait à un point de départ pour l’électronique. Puis vint Passion, album qu’aucun agenda n’avait vu venir et qui offrait humblement un huitième jour à la discipline, fait de house domestique, de post-r&b et de fantasmes d’un retrofutur en électronique. CLUB est le prolongement de ce dernier, il est la traduction décapée et gonflée pour le live de Passion, devenu album à part entière tant la relecture emploie un vocabulaire propre. On y trouve de l’acid house, de l’uk garage, toute l’intelligence de Para One et une intensité de tortionnaire. Même dans l’exercice du non-album, Para One survole la chose.

Date de péremption : tant que les murs des clubs tiendront, “Club” tiendra les murs des clubs.

Lone – Reality Testing

Lone a trois amours. Et dans le lot, il n’y a ni son pays ni Paris (enfin si, peut-être mais ça n’est pas le propos). Lone aime la Detroit techno, la Chicago house et le hip-hop (un jeune sain et équilibré) et ce Reality Testing tente de trouver l’articulation entre les trois entités. C’est ça, la réalité testée par Lone ici, ces frontières poreuses entre les genres où les genres se coudoient, dialoguent, pour finalement trouvent leur couleur commune en se diluant l’un dans l’autre. Si l’exercice est casse-cou, Matt Cutler ne se fait pas applaudir pour trois galipettes approximatives et établit à l’issu de son test un ADN commun entre différents genres.

Date de péremption : tant que va la cruche à Lone.

 

Brian Reitzell – Auto Music

Vous n’avez jamais eu vent de Brian Reitzell mais vous avez déjà entendu Brian Reitzell. Brian Reitzell a un métier merveilleux, il est music supervisor pour le septième Art (notamment Sofia Coppola ou Gus Van Sant). Ça implique que Brian imagine des sons pour Sofia ou qu’il supervise, voire joue, les bandes sons sur lesquelles il bosse. Il peut même arriver que Brian interprète un scénario musicalement et que Mme Coppola adapte les scènes en fonction de sa musique. C’est ce Monsieur qui aujourd’hui sort son premier album, en compagnie de Kevin Shields (le chanteur des My Bloody Valentines) Auto Music, krautrock moderne issu de tests de Reitzell autour de la texture, rassemblés dans une oeuvre traduisant son sentiment au volant d’une auto. Sur cet album, le parebrise devient écran et l’auditeur se laisse conduire.

Date de péremption : Auto Music peut tenir pas mal de kilomètres au compteur.