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Qui sont les bébés du rap game ?

A l’école maternelle du rap, le game est vraiment un jeu. Et si l’on dit que le talent n’attend pas le nombre des années, chez certains le flow sonne plus tôt que la puberté. Plongée dans la piscine à boules du rap en quatre temps.

Des enfants qui rappent, YouTube en transpire tous les huit clics. Nous avons donc passé les torrents de boue de l’Internet au tamis pour ne conserver que le meilleur du grain.

 

Lil Shark, neuneu miniature

Lil Shark n’a que onze ans et vit à Augusta en Georgie (Etats-Unis). Sa mère sait qu’il rappe et l’y autorise tant qu’il ne donne pas corps à ce qu’il raconte dans ses textes. Parce qu’il en raconte des choses. Du haut de ses onze printemps, Lil Shark est “drunk as fuck“, “smoke weed” et cultive un langage grossier à l’égard du beau sexe en abordant dans la phrase d’après son envie d’aller faire du kart. Sale gosse. Si on a envie de lui passer la langue au savon, Lil Shark ne conserve du rap que la posture, joue à Lil B (et son rap engourdi par l’usage de codéine), catalyse tous les tics des rappeurs de sa région (où le rap est particulièrement violent : le dirty south) et reprend les codes du rap sudiste, par effet de mimétisme jusqu’à la caricature. En somme, Lil Shark joue au grand. Mais à ce propos pourquoi Lil Shark ? “Parce que les requins sont géniaux !” répond-il. Chassez l’enfant….

Dans la boule de cristal : il finira vétérinaire et arrêtera le rap après son premier baiser.

 

Lil Mouse, ghetto miniature

Petite Souris peut avoir un des noms les plus choupinous du jeu, il est clairement ici pour rafler de la petite monnaie et faire tomber les dents. De son vrai nom Mouse Meyers, notre petit bout vient du quartier le plus périlleux de Chicago, Chiraq, et semble avoir grandi bien trop vite. Tartare verbal, Lil Mouse déballe de la viande crue à tous les râteliers : femmes, règlements de compte, argent, drogue. Tout y passe, via un flow solide et une voix de poussin, Mouse est à seulement quatorze ans une mascotte de la scène drill (rap brutal de Chiraq). Produit par les pontes de la scène, proche des 80 000 followers sur Twitter, Mouse ne laisse pas indifférent, notamment chez ses pairs qui voient Lil Wayne, Young Scooter ou Lil Durk l’inviter à rapper. Petite Souris a les dents qui rayent le parquet et il se pourrait qu’il ait les moyens de ses ambitions.

Dans la boule de cristal : carrière prolifique en perspective s’il déménage de Chicago où le fond de l’air est chargé de balles perdues.

Lil Niqo, marketing miniature

Niqo, c’est le rappeur consensuel en taille enfant. Niqo reproduit les exactes gimmicks de ses pairs adultes, sauf que chez Nico le rap est lavé de tout langage violent et s’exerce loin des guerres de rue. Lil Niqo, lui, rappe les petites amours de l’âge des bisous, les journées dans les salles d’arcade, bref le rap pour enfant par des enfants, qui passe haut la main la douane du contrôle parental. Originaire de San Diego, à dix ans seulement Niqo compte déjà trois ans de carrière, a trouvé berceau chez Def Jam et est managé par Diddy. Cerise sur le biberon, Niqo a été produit par DJ Khaled (haaaa les Amériques) et ses vidéos dépassent systématiquement le million de vues. Dans le même giron on trouvera Lil P-Nut qui raconte attendre une camarade de classe après les cours pour lui remettre un mot d’amour en jetant un regard de tigre à la caméra. Ou Key Swag 3000, le petit rigolo du fond de la classe.

Dans la boule de cristal : déjà bien pris en main, parfaitement formaté, il connaitra le destin des Timberlake ou autres enfants stars Disney.

 

Chris Miles, gros contrat miniature

Adolescent au visage rougeaud et bouffi, Chris Miles ne paye pas de mine. C’est le moins que l’on puisse dire. Et pourtant, Chris est sûrement le plus prometteur de toute la photo de classe. A 15 ans, il a déjà signé un contrat de 1,5 million de dollars avec Warner/Chappell, pour son premier album, et rempli des salles de concert conséquentes tandis qu’il n’a pas l’âge d’en intégrer les murs. Véritable phénomène Internet, chacune de ses vidéos remporte un tel succès, que la légende du rap, Cam’Ron, l’a invité sur un titre où il se défend plus que dignement. Néanmoins, s’il est l’héritier du style de ces rappeurs blancs hyper techniques type Aesop Rock ou Yelawolf, Chris Miles laisse sceptique. Cela dit, avec un contrat pareil, il va falloir s’y habituer, vous en entendrez parler.

Dans la boule de cristal : du rap à disque d’or.