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Pitchfork festival 2014 : notre report à la décimale

Quoi de plus juste que de noter à la décimale le festival d’un magazine célèbre pour sa notation à virgules.

Chaque année à la même saison, Pitchfork propose ses soirées dégustations de la pop moderne en important son Festival à Paris. L’occasion d’ausculter le middlebrow (7.2), réuni au même endroit au même moment. Ce même endroit, c’est la Grande Halle de la Villette (6.9), lieu curieusement chaleureux en dépit de son passé (des abattoirs…), sa dimension et son architecture de fer et de verre. Chaque année est l’occasion de saluer la sonorisation du paquebot (8.0), on a vu des systèmes sonores tourner à la bronchite en des agencements plus cléments.

On résume
La réunion du middlebrow : 7,2

La Grande Halle de la Villette : 6,9
La sonorisation du paquebot : 8,0

Repas et débuts tièdes

Le temps de récupérer la devise locale, le token (5.6) et l’on se poste devant War On Drugs. La chose s’avère vite ennuyeuse, le groupe cherche moins une traduction scénique qu’un pastiche précis de son album, c’est tout sauf captivant, un voisin baille (6.7), dans la fosse quelqu’un a jeté son gobelet en meuglant comme un dément. C’est-à-dire que dans les meilleurs moments, la formule “Dylan chante chez Dire Straits” rappelle ces groupes semi-FM se produisant dans les bars-stations-services de l’Amérique du vide. Alors on pense à l’Amérique (7.2) puis à Joe Dassin (1.7) et l’on se reconcentre. Le live est sans fausse note (6.0) pas d’aspérité, pas de risque, pas d’accident et la mise en scène lumineuse (6.9) du final un peu pataud ne le sauveront pas. Néanmoins l’imitation de Dylan est rigolote et remporte un 8,7. Le type qui a jeté son gobelet empoche quant à lui un 9,7 (BEST NEW INDIVIDU). Belle ferveur, beau lâché prise.

C’est l’heure de Mogwaï, allons voir ailleurs. Idéal pour une collation (6.2) hélas tiède (1.4), ce moment se prolonge dans un café (riche idée d’avoir fait venir un food truck consacré) puis dans le playground. Dans l’obscurité la plus totale, de prime abord, se déroule une scène absurde. Le mur de son de Mogwaï accompagne les enfants trentenaires dans cet espace où tout est réunis pour le ludique : des baby foots ici et là un Pong géant (8.8), une sorte de Twister, des balançoires à assises gigantesques (7.2) plutôt belles et au mouvement apaisant en plein effervescence. Parce qu’il est agréable de voir de beaux jeunes gens se balancer de la sorte, nonchalamment.

Cette dernière réflexion mérite un 4.1

On résume :
Le token : 5.6
Le voisin qui baille : 6.7
L’Amérique : 7.2
Joe Dassin 1.7
Le live sans fausse note : 6.0
Les lumières : 6.9
L’imitation de Dylan : 8,7
Le type qui a jeté son gobelet : 9,7
La collation : 6.2
La collation tiède : 1.4
Le Pong géant : 8.8
Les balançoires gigantesques : 7.2
La dernière réflexion: 4.1

Mur de son et papier peint

Plus loin un marché de créateur expose bijoux, fripes, bouquins, en somme, le tabac habituel et un beauty corner propose même de s’abandonner à quelques coquetteries pendant un set plus dispensable. Mogwaï, toujours en fond pendant notre expédition, fait de son mur de son notre papier peint. Voici le moment que personne n’attend et sûrement un des plus intéressants : Jon Hopkins. L’auteur du rouleau stellaire (en 2013) Immunity, accroche dès ses premières secondes. Un visuel captivant, un son physique qui rend justice à ses textures en relief et un set qui se déroule comme un bulldozer (8.9) pour s’achever en pinata. Le truc cogne, explose, et se répand sur toute la foule. Précisons qu’Hopkins a choisi la formule club pour clôturer son set. Une issue très affirmative, clamant son appartenance à la techno, un poing tapé sur la table. D’où l’impression de techno de festival – pas EDM non plus – dont l’onde choc doit traverser une foule compacte.

On résume :
Le set bulldozer : 8.9

Le dernier des relous

La foule parlons-en. On y croise le dernier des relous qui peine à tenir debout mais insiste pour checker tout ce qu’il croise et multiplie la blague du ” toc-toc sur l’épaule, eh non je suis de l’autre côté “. Peu d’imagination, une réalisation poussive et une prestation assez peu divertissante pour un ivrogne se donnant en spectacle : 0.4. Nous dirigeons vers James Blake, coup d’oeil vers l’étage où une dame âgée est là, tout en semblant ignorer pourquoi (7.5). Notons au passage, une grosse présence anglo-saxonne (7.7) que l’on ne s’explique que très vaguement, du moins dans de telles proportions. Il reste d’ailleurs un britannique à entendre, James Blake, le plus mignon de tous les lapins (8.1). Extrêmement précis et attentif à son ambition scénique, James charme et percute, peut avancer par déflagrations et conserve le même corps depuis ses premiers lives de l’époque R&S Records(7.6). Le premier soir s’achève, la nuit commence, exode vers le métro, on croise le dernier des relous qui ne parvient plus à poker une quelconque épaule (6.9). Sans cesse qualifié de “nid à hipsters“, sous considéré comme un endroit où l’on ne vient pas entendre mais voir et être vu, le Pitchfork a néanmoins le mérite de proposer une session de rattrapage – en échantillons d’une heure – de quelques highlights de l’année. Un panorama intéressant, tout au moins (7.0).

On résume :
Le dernier des relous : 0.4
La dâme agée : 7.5
La présence anglo saxonne : 7.7
James Blake : 8.1
Le set de James Blake : 7.6
Le panorama intéréssant : 7.0