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Marilyn Manson, Hanni El Khatib, Mr.Oizo… Le Rayon Frais du 19 janvier

Cette semaine, au vu du nombre de sorties, l’année vient vraiment de commencer.

Marilyn Manson, enfin empereur

Devenu idole sexy dans le paysage pop culture, Manson propose son album “fait pour devenir culte”, à grand renfort de production blues-rock. The Pale Emperor est une sacrée réussite, allant droit vers son objectif. Manson signe son disque le plus classe, le plus référencé, quitte à s’éloigner d’un rock industriel qui commençait à le faire piétiner.

M.Oizo – The Church

Qu’est ce qui agite la superette ? Quentin Dupieux, novo-surréaliste grandiose du cinéma remplume son costume d’Oizo pour un huitième album qui disloque l’électronique chez Brainfeeder.

On s’en relève la nuit ? Oui. L’Oizo moqueur est toujours installé dans ses crapuleries Dada, questionnant toujours le rapport de l’auteur à son oeuvre en réalisant un engin à quatre mains avec celles du hasard (de son propre aveu). Une nouvelle épreuve de techno réalisée en écriture automatique.

Disappears – Irreal

Qu’est ce qui agite la superette ? Les barres à mines du shoegaze en post-punk, originaires de Chicago reviennent chez Kranky avec un cinquième album.

On s’en relève la nuit ? Non. Disappears a toujours connu une inclinaison pour le froid, le chrome, un truc stellaire dont on pardonne la fréquente inélégance en les voyant trifouiller une sorte de psychédélisme. Ici la voix bourdonne, l’ambiance est lourde, la gravité pèse des tonnes mais l’ensemble tourne systématiquement au post-rock pataud, gavés de hooks foireux et de phases héroïques qui brisent la patience des titres. Un semi-gâchis.

Etienne De Crécy – Superdiscount 3

Qu’est ce qui agite la superette ? Un des papas de la French Touch donne une troisième saison à sa série phare de LP (dix-sept ans après le premier épisode).

On s’en relève la nuit ? Oui. Etienne De Crecy fait de ce Super Discount 3 un dialogue entre le 1 et le 2, en emmenant le funk du premier dans l’usine sombre à électronique sèche du deuxième. De Crécy habille aujourd’hui sa house d’un noir élégant et monte un groove qui enfonce les portes et roule des mécaniques. Super Discount 3 porte mal son nom, si la conception reste très spontanée, l’objet demeure d’une facture plutôt riche. Comme du Vitalic (grande époque) relu par Gesaffelstein.

Paradis – Couleurs Primaires

Qu’est ce qui agite la superette ? Simon Mény et Pierre Rousseau chantent l’électronique en Français et ça leur a valu une page wiki anglaise. Fini le charme à l’export, les Parisiens tentent de séduire leur contrée avec ce nouvel EP.

On s’en relève la nuit ? Les Todd Terje de la chanson Française (très sensible sur Garde Le Pour Toi ou Le Bal des Oubliés), jadis signés sur Beats In Space, s’inscrivent à nouveau dans cette grande tradition française voulant marier la chanson avec une modernité x ou y. Ici l’alliance est quelque peu forcée, les textes tombent parfois comme un cheveu sur la soupe et la greffe prend souvent trop peu. On s’en fout, les productions sont suffisamment coquettes (dont un sample de Fontaine et Areski) pour que Couleurs Primaires s’en sorte avec une mention du jury.

Roger West – Wasted House EP

Qu’est ce qui agite la superette ? Ce coquin d’Amédée de Murcia qui retient la nuit en tant que Somaticae, change de veste et devient Roger West pour composer l’érosion de la dance.

On s’en relève la nuit ? Oh oui. Imaginez la fantaisie VHS d’une house 100%Silk qui sortirait chez la maison de produits corrosifs Opal Tapes. Bonjour Roger West, enchanté. Sa house, West la compose de mémoire, avec ses vagues réminiscences de dance 90’s, histoire de restituer l’érosion des souvenirs dans l’usure de ses productions. Cela donne une house géniale, sans époque ni lieu, engourdie par la brume de nostalgie. Une belle conquête de West.

Neue Grafik, plus house que jamais

Le jeune et brillant producteur parisien de la clique Vertu frappe fort en sortant son Solal EP sur le label de S3A, le résident Concrète spécialiste de la house. Pour l’occasion, il se fait un peu moins garage, quoi que toujours très syncopé, au profit de textures plus tendre et de références quasi jazz par moment. Le contre-pouvoir qui se dresse face à une techno de plus en plus dur est en marche !

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La Jungle : peut-on faire un disque de techno avec des guitares ?

Sortie des entrepôts belges du label-promoteur Dewane Records, La Jungle qui nous interesse aujourd’hui n’est pas le dansant groupe anglais Jungle. Pour autant, leurs 5 titres fraîchement sortis respirent la volonté de faire vibrer les derrières, mais avec un son et une composition à coréller à un patrimoine mathrock à tendance kraut des plus rejouissants. Visiblement enregistré en live, il paie par instant un son parfois sous-produit, mais gagne clairement la bataille du dancefloor. Un essai “prometteur”, dans le sens où on est clairement impatient d’entendre la suite. C’est l’ovni de la semaine.

Hanni El Khatib de retour

Dandy rock à l’américaine, Hanni El Khatib est devenu une figure incontournable du paysage rock middlebrow. Moins populaire que les Black Keys, mieux diffusé qu’un White Fence, le garçon sort un nouveau disque qui se place exactement dans la fenêtre qui lui est donné. Pas tant d’invention qu’une belle relecture du patrimoine blues-rock US. S’il est moins brillant dans ces territoires que le Manson, ce Moonlight plaira pour autant aux amateurs du corpus.

Mademoiselle K passe en force

Après avoir été une icône isolée des 00’s, Mademoiselle K a décidé de se passer des grosses structures, de chanter en anglais et de prendre des directions de productions bien plus ambitieuses. Quelle pop star(lette) ouvrirait son disque par une guitare explosée dans un modulateur à anneaux ? Si elle conserve un format dance-rock un peu désuet et si tout n’est pas toujours absolument réussi, ses idées sont des plus pertinentes et on se régale à découvrir ce retour fier et libre de la chanteuse.

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