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Marble Arch vient de tuer le pop-“game”

S’il y avait un “game” de la musique pop en France, un jeune rennais anonyme vient d’y mettre un terme.

A l’heure où l’animateur-journaliste Nico Prat vient de diffuser un tour de France de l’indé français qu’il assume complètement aléatoire sur France 4, un jeune Rennais sortant de nulle part vient de publier sur Bandcamp l’un des plus jolis albums qu’on ait pu écouter depuis le début d’année. En 11 morceaux, il savate toute la pop française à synthés 80’s, celle là même qui tourne en rond et sur laquelle tout le monde reste un peu bloqué. Son nom ? Marble Arch.

Il est dingue de se rendre compte à quel point, parfois, certains “viviers” s’épuisent et comment un type tout à fait extérieur aux “scènes” vient raviver la flamme des mélomanes. Exit les synthés, bienvenue les réverbérations, les boîtes à rythmes naïves et les mélodies tendres. Sur “The Bloom Of Division”, Marble Arch impose un héritage venu tout droit du shoegaze lascif et émotifs des années 90 et une vision de la composition rare : il semble laisser libre cours à ses ressentis, comme si les morceaux dictaient au musicien leur loi, et non l’inverse.

“Le fait d’être seul compositeur est jouissif mais également un peu flippant car on peut vite se perdre, tourner en rond … Il y a aussi un côté un peu monarchique, “je fais ce que je veux”. Je cherche simplement à mélanger toutes mes influences, jouer ce que j’aime comme je le souhaite”, explique-t-il. Cette liberté, il en use et en abuse, la pousse à son climax : il s’autorise de longues plages solaires, ajoutant des synthés par ci, une guitare folk par là. Tout ceci est très mature, très maîtrisé et le garçon évite tous les pièges.

S’il a beaucoup tourné au sein du groupe Maria False, il n’a pour l’instant jamais fait de live seul : son art est un art de studio à l’heure actuel. Pourtant, il s’y attelle : ” Je serais sur scène, accompagné de Bernard, de Maria False, à Rennes le 17 mai : on a préparé un petit set d’environ 30 minutes, avec quelques variations. J’ai fait beaucoup de concerts, mais ce sera la première fois que je défendrais mon propre projet sur scène. Ce sera aussi la première fois que je chanterai en live, je ne suis pas rassuré !”.

Les textures lo-fi sont l’une des spécialités de son collectif, Nøthing : exploiter les moyens du bord pour en tirer le meilleur : “J’ai enregistré l’album dans ma chambre, comme un grand, avec mon ordi!”. Comme tous les artistes modernes, Marble Arch travaille seul. Lui tire simplement des faiblesses de son home studio un supplément de sensibilité, de fragilité, qui ne fait que servir son propos.

Le fait de pouvoir sortir l’album sur internet agit comme une sorte de thérapie

Son album, il l’a balancé comme à l’arrache sur le net : “Le fait de pouvoir le sortir par ce biais agit déjà comme une sorte de thérapie. Ça faisait un moment que certains morceaux traînaient sur mon ordinateur. Ça libère, on passe à autre chose. Ensuite, ce moyen me permet de faire connaître ma musique, de voir ce qu’elle suscite, ce qu’elle inspire… Je n’ai rien contre le parcours “classique”, mais chaque chose en son temps, on verra bien…“.

Il ne risque pas d’attendre très longtemps avant de recevoir des propositions de labels : cet album, intime, humain et à la fois profondément riche et juste dans sa production vient de mettre toute la concurrence au tapis. Puisque c’est beau à pleurer, ne vous en privez plus.

La page Facebook de Marble Arch

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