Skip to content

Les soirées ratées de Nora Hamzawi : le soir où j’en ai fait beaucoup trop

Nora Hamzawi s’invite sur Villa Schweppes pour nous raconter ses soirées ratées. Voici le premier épisode de ce nouveau rendez-vous mensuel…

Je ne suis pas très mondaine. D’abord parce que je suis une énorme feignasse et surtout parce qu’on m’invite rarement aux soirées. Il faut dire que j’ai le don de tomber toujours à côté : vous voyez la fille qui va cracher sur la musique de merde en pensant jouer la complicité avec une meuf sans savoir que cette même meuf c’est la copine du DJ ? Bon bah cette fille c’est moi. Du coup, la plupart du temps je m’abstiens.

Mais cette fois c’était un “people” qui invitait, et bizarrement je le sentais très bien. Je me projetais déjà au bord d’une cheminée à discuter avec tous les gens cool de la télé qui allaient bientôt devenir mes meilleurs amis (dans mes rêves).

Les soirées ratées de Nora Hamzawi

Les soirées ratées de Nora Hamzawi

Comme j’ai hâte de sortir à peu près une fois par an, quand ça arrive je me comporte un peu comme une sociopathe : au lieu d’apporter une bouteille comme tout le monde, je commence à réfléchir à ce qui serait vraiment différent, et super, et original à apporter… Bref, de fil en aiguille je me retrouvais à laisser un chèque de caution chez un traiteur antillais de Belleville.
Oui, quelques jours avant j’avais découvert mon nouveau dessert préféré, et j’avais donc tout naturellement décidé de faire partager mon bonheur à tous ces gens du PAF en commandant ce même gâteau mais pour 60 personnes. Le chèque de caution, c’était pour le plateau en argent qui soutenait le gâteau.

Ce soir-là je jouais au théâtre, ce qui m’arrangeait d’un côté parce que je ne sais jamais à quelle heure arriver à ce genre de soirée… Et d’un autre côté me mettait dans une galère parce qu’il fallait stocker le gâteau dans une chambre froide. C’était un gâteau type blanc mangé à la mousse coco, un truc qui se conserve très mal à la température ambiante des loges.
Dès la fin des saluts, je me précipitais en sueurs vers mon chauffeur Uber qui prit l’initiative d’ouvrir une porte pour moi, et l’autre pour le second passager : le gâteau. Après un ou deux dos d’âne, je demandais au chauffeur d’essayer de conduire moins nerveusement, la mousse risquait de s’affaisser. Il me répondait juste : “elle est bien fermée au moins la boîte ?“.

Les soirées ratées de Nora Hamzawi

Les soirées ratées de Nora Hamzawi

J’arrivais enfin à la fameuse fête, la frange encore mouillée par les projos de la scène, le gâteau coco bien stable sur mes deux bras. Il a fallu sonner trois ou quatre fois avec mon front et patienter un bon quart d’heure avant quelqu’un m’entende. “Ah c’est Nora !!! La pauvre elle attendait toute seule dehors sous la pluie !”. Moi qui aime faire des entrées discrètes, c’était loupé. “T’as apporté tes cartons ? Tu déménages ?
Vous foutez pas trop de ma gueule je vous ai apporté un dessert de ouf !
Un dessert ? Hahahaha ! Bruno ! Bruno mate la taille du dessert ! Hey c’est une fête Nora, pas une Bat mitsvah“.
Vexée, j’essayais de me frayer un chemin vers la cuisine dans un couloir blindé de monde tout en portant le dessert au-dessus de ma tête pour éviter qu’il ne s’écrase sous les coups de ces bruts.
Le gâteau était trop gros pour le frigo. Une meuf sympa qui était là et qui avait clairement pitié de moi me proposait qu’on vide le frigo ensemble pour trouver de la place sous les bouteilles de champ’. Ma mousse coco pour 60 personnes VS les bouteilles de champ’, je me sentais de plus en plus ridicule.

T’as apporté tes cartons ? Tu déménages ?

Mais c’est ton anniversaire ?” Ok donc maintenant elle pensait que je ramenais mon propre gâteau d’anniversaire à une fête qui n’était pas la mienne…

On a laissé le gâteau sur le plan de travail, entre un cendrier plein, des verres vides et un bol de Curly qui intéressait bien plus les invités que mon “c’est quoi cette merde ?”. J’ai fait semblant de ne pas savoir, j’ai mangé des Curlys comme tout le monde.

Je n’ai jamais récupéré le plateau, ni mon chèque de caution.

'

'