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Les disques favoris du disquaire bordelais Total Heaven

A l’occasion du Disquaire Day le 19 avril, nous sommes allés demander aux disquaires bordelais de Total Heaven de choisir leurs cinq vinyles favoris.

Aquaserge – Tout Arrive (2014/France)

“Cette fois, c’est sûr, Aquaserge est mûr ! En quelques années de macération toulousaine, ces trublions 60’s pop / 70’s prog’ ont pondu un ambitieux concept-album proche du chef d’oeuvre : “Ce cher Serge”, ou Gainsbourg et le Capitaine Nemo ne font qu’un, lors d’un incroyable périple sous-marin et musical dans les abysses de Soft Machine, Gong, Acid Mothers Temple et Jean-Claude Vannier.

Le langoureux “Tout Arrive” évoque grandement l’amour et s’y enfonce plus profond encore que Air, Gainsbourg (encore) ou Tellier ne le firent jamais. Qui plus est, servi par une voix qui évoque un Bernard Lavilliers inédit et enfin fréquentable. La suivante “TVCQJVD” est une cavalcade pop, effrénée et circulaire, si étourdissante, qu’il est difficile alors de s’en détacher pour passer à la face B. Mais ça serait manquer “La Ligue Anti Jazz-Rock”, vrai morceau de bravoure progressive et pop qui s’anime et s’amplifie a l’infini… !”

V/A “JAY REATARD – A FRENCH TRIBUTE” (2014/France)

De belles pointures au générique : Kap Bambino, Cheveu, JC Satan… La compilation hommage de groupes (exclusivement français) au regretté Jimmy “Jay Reatard” Lindsey (1980-2010), nous touche au-delà du raisonnable. Loin de la caricature du petit caractériel violent et inadapté, ce beau disque saisit l’importance des chansons du bonhomme, l’urgence et la qualité de ses mélodies, sa noirceur, certes, mais aussi son incroyable vitalité. Les titres sont puisés dans le répertoire des Angry Angles, Lost Sounds et bien sûr les disques solo de Jay Jay. Étalée sur 13 ans, sa discographie varie quand même entre 60 et 100 parutions (!) “selon les sources et les comptables”.

Chacun dans leur style, les groupes sus-cités sont excellents. Von Pariahs et Uncommonmenfrommars étonnent par tant de diligence dans l’exercice. En français dans le texte, Rebels of Tijuana adoucissent la teigne. L’electropunk de Myciaa affole à la puissance mille. La ballade acide des Liminanas instaure un délicieux trouble… Non loin du peloton de tête, c’est H-Burns qui clos magnifiquement l’album, avec une version définitive du déchirant et tristement prémonitoire “No Time”.

TOY : “Join The Dots” (2013/UK)

Après un 1er album paru l’an passé dans le droit sillage des Horrors – et alors que le monde s’apprête à céder au succès programmé de Temples trop bien coiffés pour avoir un vrai tempérament – Toy reviennent aux affaires par la petite porte, sans barouf. C’est une jolie surprise. Leur musique est faite d’un psychédélisme moderne puisant simultanément dans celui des sixties et dans la mouvance “80/90” et les cinq de Brighton se réservent le meilleurs des deux époques.

Passé un “Conductor” progressif et lancinant, Toy évacue direct Yes et Pink Floyd, pour aller au coeur des choses : Les mélodies ! Car c’est bien l’amour de celles-ci dont il s’agit ici. De My Bloody Valentine à Slowdive, Toy se sont vaguement souvenu des ambiances shoegaze, mais ont surtout retenu le côté “pop”. Douceur, oui ! Léthargie, non ! Du post-punk, le groupe conserve une certaine rigueur métronomique, quelques synthés typés et un côté romantique propre à The Cure. Du krautrock, dont Toy se revendique également, l’album ne garde presque rien, si ce n’est par moment, l’hypnose robotique du rythme résolu et combatif. Chez Toy, c’est la mélodie qui prime par-dessus tout ! Les parfaites réussites que sont “Too Far Gone To Know” et de “As We Turn” illustrent à merveille ce noble postulat d’un autre âge.

7 DAYS OF FUNK : ” S/t ” (2013 / US)

Ou comment se refaire une bonne santé/crédibilité en deux-deux : à peine six mois après un album calamiteux paru sous le sobriquet risible de “Snoop Lion”, voici l’ami Calvin Broadus déjà de retour plus alerte que jamais ! On le nommera désormais Snoopzilla (défense de rigoler). Et pourquoi pas Snoopzill’Aladin ? “Frottes-donc cette vieille lampe magique, mec”. Et bim ! Un authentique génie funky apparaît alors : Dam-Funk. La botte secrète, le producteur caché de l’écurie Stones Throw. Comme Dre avant lui, ce “nerd” du groove a tout compris à George Clinton. Il connaît son Roger Troutman sur le bout des doigts. Mais il ne se contente pas de sampler des vieilles bombes electro-funk. Depuis son fief de Pasadenas, Dam joue vraiment de tous les instruments, comme Prince – qu’il vénère. A son contact, Snoop Dog retrouve d’un coup toute sa verve. Il redevient enfin félin. Son flow est de nouveau beau… Une superstar de son calibre n’a pas grand chose a tirer de l’opération alors que Stones Throw et Dam-Funk, beaucoup plus. Et c’est tout à l’honneur de “Snoopzilla”. Finalement le gars n’est pas complètement cramé, il aime toujours la musique et “7 Days of Funk” est juste une pure tuerie ! Un vrai petit miracle quoi !

DIRTBOMBS : “Ooey Gooey Chewy Ka-Blooey!” (2013/US)

Mick Collins est un fan de musique. A Detroit il est à la tête des Dirtbombs depuis 15 ans désormais. Il inspire le respect – des merveilles d’albums d’inspiration punk ou soul – mais aussi l’incompréhension avec ses reprises de classiques house, jouées “rock” avec guitares, basses, batteries. Contrairement aux fans des Gories (son précédent groupe, aussi mythique que limité), Collins entend, l’expérience aidant, toucher à tous les styles pour lesquels il a pu s’émouvoir à tel ou tel moment de sa vie. “Ooey Gooey Chewy Ka-Blooey!” est son hommage à la bubblegum pop du tournant fin 60/début 70 aux Etats-Unis. Longtemps déconsidérée, car destinée à un très jeune public et souvent produite à la chaîne par les mêmes équipes de producteurs/auteurs/compositeurs, cette pop commerciale directement issue des Beatles/Beach Boys/Monkeys, n’en recèle pas moins de vrais trésors à la pureté éclatante. C’est cette naïveté enthousiasmante que vise Collins, celle des 1910 Fruitgum Company, Ohio Express et des Archies (les seuls dont on se souvient ici, en France, grâce à leur savoureux “Sugar, Sugar”). C’est cette évidence que les Dirtbombs retrouvent dans ce petit miracle d’album.

Visitez le site de Total Heaven, mais surtout, allez y chercher vos disques!
6 Rue de Candale,
33000 Bordeaux