Skip to content

Les “Ballads” de Kim : Rencontre avec un Bordelais pop au coeur punk

Mathias Malzieu, Cléa Vincent, ALB : il y a du beau monde pour ce nouveau disque de Kim, que nous sommes fiers de vous présenter aujourd’hui.

Kim fête aujourd’hui son 24ème disque avec Ballads, enregistré en un jour avec une pelletée de guests et amis. Presque 20 ans de carrière, une proximité folle avec son public et un rythme stakhanoviste : la pop du Bordelais a quelque chose de punk. Pas de spotlights, juste des belles chansons. On est allé parler démarche et indépendance avec lui, l’occasion par là même de vous présenter ce nouvel album.

Tu en es à ton 24ème disque, tu es connu comme le loup blanc dans les sphères indie, et pourtant, tu es assez méconnu du grand public. C’est une cible que tu ne vises plus ?

Kim : Je ne l’aborde pas vraiment. J’ai été sur plusieurs labels différents. Certains avaient plus de moyens que d’autres. J’ai remarqué que le fait de toucher le grand public dépend beaucoup des moments et des financements. Sans faire de la paranoïa abusive, il y a quand même des collusions d’intérêts assez voyantes dans le monde de la subvention. Sans, c’est très aléatoire. Il y a surtout des gens qui suivent ce que je fais et ce sont eux que je veux vraiment mettre au courant.

Tu as d’ailleurs été assez avant-gardiste dans les moyens de te rapprocher de ton public…

Kim : Je prends l’appareil promotionnel d’une manière ludique : je n’ai pas fais exprès de faire des concerts en appart’, je jouais beaucoup dans la rue et des gens nous ont proposé de venir animer leurs anniversaires. Ce n’était pas du tout ce à quoi on s’attendait : on a été très bien reçus, très bien payés, les gens connaissaient nos chansons. Un jour, il y a eu cette mode des concerts en apparts, mais on le faisait déjà. Pareil, un jour, j’ai vu qu’il était possible de faire des live-streams avec Justin.tv, ça m’a tout de suite branché. Aujourd’hui, j’ai envie de me concentrer sur le fait de faire le plus de disques possibles. Je ne veux pas du tout me donner de limite sur la productivité. Tout le monde tease tellement de nos jours que ça ne sert plus à grand chose. Je reviens ainsi à ce que je faisais dans les 90’s, terminer un disque et passer tout de suite au suivant.

Tu penses que la longévité peut aujourd’hui manquer à des artistes plus jeunes aujourd’hui ?

Kim : Si je ne fais pas de musique, je crois que je meurs, il y a des choses qui déconnent chez moi. A partir de ce moment là, il faut que je finance ma musique, et donc que je la vende. Quand j’ai commencé, tout le monde aimaient bien ce truc de la longévité. Un ou deux albums par an c’était la norme. C’était une époque différente, un peu dépressive : on avait besoin de lâcher les choses vite. Les projets qui avaient trop d’attitude, on les prenait pour des cons. L’attitude, c’est arrivé en 2005.

Qu’est-ce que “l’attitude” a concrètement changé ?

Kim : Plein de gens de ma génération ont été choqués. Ils ont trouvé ça vraiment dégueulasse. Les jeunes groupes, eux, pensaient du coup que c’était comme ça : “Tiens, je vais avoir un manager”… mais de quoi on parle ? En dessous de 20 000 copies vendues, tu n’avais pas de manager. Ces nouveaux managers visent le vedettariat directement. Nous on visait au grand maximum l’amateurisme, au mieux le métier. Je me sens toujours un peu trahis par les groupes qui annoncent des choses énormes et qui changent de nom et de projet l’année suivante. Les producteurs marchent dans ce sens : Le premier disque est subventionné et pas le deuxième.

En jouant dans plein de projets, tu es vraiment dans ce dynamisme de “métier”…

Kim : Oui, je suis vraiment “métier”. Mais il y a quelque chose d’important à comprendre : il y a des périodes où je me consacre exclusivement à ma musique, et ça va très bien financièrement, plus de droits d’auteur, plus de temps passé dessus. Mais je joue avec d’autres gens parce que je vis mal le fait de jouer pour moi tout le temps. A ce propos, il y a quelque chose qui me met en colère : c’est que le business n’aime pas qu’on soit à la fois chanteur solo et accompagnateur d’autres gens. Je me suis pris des réflexions, genre : “tu n’as plus trop de dates, tu vas cachetonner chez les autres”. Non : je ne cherche plus de dates justement parce que je joue avec d’autres, parce que j’y apprends des choses nouvelles. Ça fait beaucoup de bien, c’est une hygiène musicale que j’aime. Je trouve ça dommage que des amis chanteurs n’osent pas le faire alors qu’ils adorent ça. Je vais en parler sur mon blog bientôt, parce que ça me fait de la peine.

Les cloisons se sont renforcées avec la crise du disque ?

Kim : J’ai l’impression, parfois, que ça arrange tout le monde que la musique soit en crise. On ne vend plus beaucoup de disques, mais en fait, ce n’est pas très grave. Un truc important : les gens n’osent pas dire qu’on gagne, certes qu’un peu, des ronds avec Deezer. A un moment, les gens ont dit : “Scandale! Lady Gaga n’a gagné que 150€ avec le mois dernier avec Spotify”. Le même mois, j’en gagnais 200. Ce genre de mensonges, c’est pour qu’on continue à croire à des contes de fées.

Vous pouvez acheter la version vinyle par ici