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Leon Bridges, la belle voix soul venue du Texas

À tout juste 25 ans, Leon Bridges est la nouvelle voix soul venue du Texas. Avec son air dandy cool, ses grands yeux profonds et sa voix hors du commun, le jeune artiste a sorti son premier album Coming Home et se retrouve sur la route des festivals tout l’été.

De passage à Paris, l’occasion pour nous de mieux le découvrir, il nous parle de soul comme une musique d’histoire et puissante, mais pas que, véritable moteur pour exprimer ses émotions et ses sentiments. D’Austin à notre bande son soul du mois d’août, il n’y a qu’un saut de cordes.

Villa Schweppes : Est-ce ta première venue à Paris, en France ?

Leon Bridges : C’est ma troisième fois déjà. Je me souviens de la première fois où j’ai su que je venais à Paris, c’était incroyable. J’ai toujours voulu venir ici. J’ai même eu des cours de français au collège ! Mais je ne me souviens que de deux mots, ‘Oui oui’ ! (Rires).

Prochaine venue à Paris, on fait cette interview en français alors ?

Leon Bridges : Promis ! Ou alors j’écris une chanson en français et je viens la chanter ici.

On se rencontre pour la sortie de ton premier album, Coming Home. Comment est né ce projet ?

Leon Bridges : On a commencé à l’enregistrer en août dernier mais les chansons étaient déjà en tête depuis plus d’un an ou deux. Au départ, quand j’ai voulu faire cet album, je voulais refléter des tonalités R’n’B, de la meilleure façon possible. J’ai pris ma guitare et je me suis rendu compte que ce n’était pas possible dans ce registre. Du coup, au moment de l’enregistrement avec mon groupe, nous sommes partis sur une toute autre voie.

Quand as-tu appris à chanter ou jouer de la guitare ?

Leon Bridges : Je me rappelle qu’enfant, je chantais déjà quand j’entendais de la musique à la radio ou alors avec mes frères à la maison. Plus tard, au lycée, je ne me suis jamais dit que je pourrais chanter. Je voyais des gens bien plus doués que moi. Finalement, je me suis aperçu que ce n’était pas une question de voix mais plutôt de genre musical, je n’étais pas dans l’esprit de ce qui passait à la radio comme tubes. Tout est parti de là, entre deux cours, je me souviens que l’on se posait tous ensemble pour chanter, dans les couloirs. Mes amis ramenaient des claviers, on chantait tour à tour… Puis c’était à moi de me lancer. On m’a dit après coup, après avoir entendu ma voix, ‘Oh mais tu chantes bien !’. C’est de là que tout est parti.

Est-ce que l’on peut en savoir un peu plus sur ta famille, d’où viens-tu, comment as-tu grandi ?

Leon Bridges : Je viens du Texas, j’ai grandi avec une famille unie, ma grand-mère était chanteuse et jouait de l’orgue. Ma mère est chanteuse aussi. Mais je ne suis pas sûr que cet attrait pour la musique passe par le sang ! Je n’ai pas vraiment appris ce qu’était la musique classique dans ma famille. J’ai du aller chercher ces connaissances par moi-même.

Quel genre de musique écoutais-tu à cette époque ?

Leon Bridges : Quand j’étais jeune, j’écoutais tout ce qui passait à la radio. Je crois que ça a développé mon goût pour le R’n’B, c’était en quelque sorte ma base vu que je n’avais aucune approche classique.

La soul musique nouvelle génération.

La soul musique nouvelle génération.

On lit à juste titre que tu es la nouvelle voix soul, comment est-ce venu à toi ?

Leon Bridges : Je crois que c’est quelque chose que j’avais en moi, depuis toujours. Depuis deux ans, ça s’est accéléré. J’avais envie de quelque chose de différent, je me suis penché sur la soul musique et la manière dont elle a été créée, par les Afro Américains. Ce que de jeunes noirs américains chantaient, faisaient et comment ils s’exprimaient par la musique. Je me suis dit que c’était une part de mon chemin, qu’il fallait que je revienne à ces racines. J’avais de nombreuses chansons au départ, des tonnes. Et puis j’ai recommencé, encore et encore.

Il fallait que je revienne aux racines.

Ta voix mais aussi ta guitare, quand as-tu appris à jouer ?

Leon Bridges : J’ai commencé à jouer de la guitare il y a 4 ans maintenant. C’est bizarre car je n’ai jamais eu aucune discipline. Je sais que j’ai pris de mauvaises habitudes, de mauvais réflexes. C’est simple de jouer mais de bien jouer, c’est autre chose. J’ai du apprendre. Je me souviens aussi qu’au départ, je pensais ‘Quelle sorte de cordes dois-je utiliser pour de la soul musique ?’. Je suis allé sur YouTube et j’ai commencé à regarder.

Avant de te lancer totalement, tu as joué dans des bars, des lieux plus intimes. Comment ça s’est passé ?

Leon Bridges : Oui, je jouais dans des bars, des clubs au Texas. Je ne suis jamais allé ailleurs au début. J’ai rencontré un guitariste professionnel et on s’est découvert des passions communes pour la musique, des artistes. C’est curieux car c’est un grand cow-boy et aussi le mec le plus gentil que je connaisse. J’ai joué plusieurs fois dans un lieu, pendant un an et demi et un soir, Austin Jenkins était dans la salle. Après avoir fini, il est venu me voir et il m’a dit, ‘Mec, on doit enregistrer quelques chansons ensemble’. J’ai ressenti quelque chose de spécial. On s’est revus et j’ai enregistré des chansons dans sa maison, il a fait les arrangements, il avait un studio magnifique et des musiciens. Il a tout de suite cru en moi ! Pour lui, j’avais vraiment cet esprit soul qu’il appréciait.

‘Mec, on doit enregistrer quelques chansons ensemble’.

Tu es en ce moment en tournée, comment vis-tu le fait de partager ta musique devant des publics du monde entier ?

Leon Bridges : C’est véritablement incroyable. Ça peut être difficile toutes ces dates mais j’ai l’impression d’avoir toujours été prêt pour le faire, pour y aller. Honnêtement, au départ personne ne s’intéressait à moi, ne me faisais confiance ou avait un quelconque respect. J’ai travaillé dur, je me suis senti seul. Et j’ai l’impression de m’être battu pour arriver à faire ce que j’aime plus que tout aujourd’hui.

Qu’en pense ta famille, ta mère et ta grand-mère plus particulièrement qui sont chanteuses ?

Leon Bridges : Ma grand-mère, malheureusement je ne l’ai jamais vraiment rencontrée. Ma mère, elle est très excitée et fière. La tante de ma mère, qui vit à Philadelphie, on lui a fait écouter l’album et sa réaction était folle, ‘Wow, on dirait du Sam Cooke’. (Rires). C’est chouette toutes ces histoires dans la famille ! Je me souviens d’une autre histoire à Chicago, dans un bar, un homme qui avait connu Sam Cooke et qui me dit, ‘Comment est-ce possible qu’un homme si jeune comme toi puisse chanter de la sorte ?’. (ndlr : Leon Bridges s’amuse à imiter la voix de l’homme sans doute âgé). J’étais ému !

Quels sont tes projets pour cet été ?

Leon Bridges : Je suis programmé dans des festivals et je me penche déjà sur le prochain album ! Je vais sans doute travailler avec Nick Waterhouse, pas forcément sur mon album mais en tout cas, nous allons traîner ensemble, travailler ce côté soul tous les deux, réfléchir à des idées, c’est un chouette type !

‘Wow, on dirait du Sam Cooke’.

Comment travailles-tu précisément ? On a l’impression que tu tentes de tout maîtriser avant de te lancer, de te faire conseiller ?

Leon Bridges : Oui c’est vrai que chaque chanson part d’une mélodie à la guitare. Sur la route en ce moment, je pense à des paroles, des mélodies, j’essaie de les coordonner. Les écrire me permet aussi de coucher sur papier des émotions, des ressentis.

En France, on ne connaît pas bien le Texas et surtout, l’intérêt de cet endroit pour la musique. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Leon Bridges : Le Texas, c’est vrai que ce n’est pas comme en Californie ou à New York, tu ne vas pas spontanément trouver des labels ou des gens qui vont t’influencer. Au Texas, on peut dire qu’il y a de nombreuses portes ouvertes musicales, des ‘open micros’ mais c’est tout. Il faut s’accrocher, séduire. Ça peut tomber d’un coup, grâce à un manager qui passe par là. Je n’avais jamais réfléchi à l’influence du Texas dans ma musique. Et puis surtout, mon but était de faire de la soul musique et j’étais plus dirigé vers la Nouvelle Orléans ou des coins comme ça.

Parlons de ton look, en quoi est-ce important pour toi ?

Leon Bridges : La plupart des photos que l’on voit pour la promo, ce sont finalement des moments où je suis moi-même, en train de traîner avec des amis, sans avoir fait attention à mon apparence car c’est mon look de tous les jours. Je fais plus attention aujourd’hui c’est sûr, mais bon, l’important pour moi c’est de rester tel que je suis. Je crois que le look est essentiel, je n’irais pas sur scène avec un t-shirt graphique et un jean. Ça serait bizarre. Mais j’aime aussi cette mode des années 50-60, j’essaie de m’y tenir pour les séances photos.

Un mot de la fin sur la soul ?

Leon Bridges : Pas mal de monde a sa propre idée sur la soul musique, sur ce qu’elle devrait être. Ils voient quelque chose d’assez intime, léger, chuchoté. C’est bien mais je crois aussi que la soul peut être autre chose, pas forcément politique d’ailleurs. La soul est honnête, rare, venant du coeur et c’est un merveilleux moyen de parler d’amour, des ruptures, de la vérité, de la famille. C’est ce en quoi je crois en tout cas !

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