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Le Rayon Frais : où est le frais dans les sorties de la semaine ? Klaxons, Jack White, Richie Hawtin…

Du fruit de saison au fruit pourri, chaque lundi, Le Rayon Frais passe en revue où est le digeste dans les sorties de la semaine.

Kasabian – 48:13

Kasabian ne sont plus des jeunots qui font rêver depuis très longtemps, mais ce n’est pas ce qui les empêche de continuer à remplir des stades. Leur nouvel album, 48:13 s’ouvre sur une introduction synthétique avant de se lancer sur un rock à gros sabots. Grosse batterie, son resserré, voix saturées, et même des arrangements cordes complètement anachroniques : Kasabian veut faire danser les jeunes gens, mais cela pourrait se révéler très compliqué. Après plusieurs écoutes, cette album rappelle l’époque de leur début, et devrait plutôt plaire aux fans historique.

Date de péremption : Début 2000 pour certains, 2014 pour d’autres.

Jack White – Lazaretto

Ce qui est bien avec Jack White, c’est qu’il n’a plus besoin ni d’argent, ni de reconnaissance, ni de quoi que ce soit, sinon de plaisir. C’est exactement le propos de ce nouveau disque solo : en invoquant des guitares surfuzzées, des orgues saturés et autres ingrédients de surpuissance sonore, il s’offre de longues plages d’amusement. La première partie sera donc nettement meilleure pour l’auditeur en quête de sensation que la face B faite de morceaux country qui, même si le génie est aux manettes, restent un peu lassants.

Date de péremption : Vous pourrez y revenir dans quelques mois, ce disque n’en sera presque que meilleur

Astonvilla – Joy Machine

D’abord, un petit hoquet de surprise : Astonvilla, ce groupe trop cool issu d’une époque où le français se réclamait plus rock que pop, serait de retour ? Oui : les héros qui avaient composé “Raisonne” reviennent. Seul problème : contrairement aux musiciens 80’s, et au même titre qu’Olivier Depardon (Virago) ou encore aux ex-Sloy, il est très dur de revenir en pleine gloire quand on est issu des années 90 françaises. Pourtant, leur nouveau disque, s’il procure une joie nostalgique à l’auditeur, est réjouissant, et pas spécialement moins bon qu’un autre. Au contraire, on gagnerait souvent au change.

Date de péremption: Comme du fromage: vieux, mais pas dégueu

Klaxons Love Frequencies

Quel rêve est-ce d’imaginer le travail conjoint d’un James Murphy et des Chemical Brothers. Bien n’imaginez plus, le mariage (blanc) entre le maillon post-punk/disco de l’un et la techno anglaise de l’autre, se produit. Et chose d’autant plus étonnante : pour soutenir le quatrième album de ceux que l’Histoire n’a pas écrasés depuis la mort du mouvement nu-rave (dont ils furent les têtes de gondoles) : les Klaxons. Et qu’on se le dise d’emblée, l’union des deux est plutôt stérile. Venue renforcer un groupe qui sur l’album précédent sortait d’une période où il visitait des shaman et inspirait leur musique de visions perçues après ingestion d’ayahuasca (un hallucinogène), cette alliance est proprement invisible au sein de l’album. Néanmoins, les Klaxons sont aujourd’hui , plus sincères et ouverts émotionnellement, à croire que leur seule d’inspiration est devenue… la vie. C’est toujours idiot à formuler mais les gamins maturent et le son s’en ressent. Une synth-pop moins gonflante et plus gonflée.

Date de péremption : à consommer rapidement après ouverture.

Glass Animals Zaba

À chaque saison sa faune et l’été voit elle aussi toute une batterie de bestioles fleurir dans nos espaces vitaux. Glass Animals, si le nom ne vous est pas inconnu, c’est qu’il évoque un groupe valise où s’entasseraient Philip Glass et Animal Collective. Et nous sommes (plus ou moins) dans le ton puisque sur ce premier LP, le groupe d’Oxford se déguise en Animal Collective qui jouerait du Alt-J. On raccourcit mais en essence on y est. Les Glass Animals s’apprivoisent sans mal, ont le pas chaloupé, l’oeil tendre et s’épanouissent dans les aires lourdes et humides. Produit par Paul Epworth, (Adele, Friendly Fires, Florence & The Machine…), ce premier album semble comme apporté par cette même vague de pop brooklynienne qui pratiquait, il y a moins de cinq ans de cela, ce psychédélisme dénué de psychédélisme, un psychédélisme où l’on ne trouve que la couleur mais pas le goût. En somme, du papier peint exotique joli et cohérent mais où il manque de l’espace pour se perdre.

Date de péremption : fruit de saison, s’éteindra avec l’été.

Plastikman EX

Lorsque au milieu de années 90, Richie Hawtin enfila son masque de Plastikman pour la première fois avec Sheet One, chose impensable dans un genre aussi austère, l’idée de superstar de la minimale était en train de dessiner. Depuis, Hawtin est une sorte de Madonna de la techno, pouvant mixer dans quatre villes en une nuit et se déplaçant en jet. Hawtin agace, donc c’est en tant que Plastikman qu’il sort son premier album depuis 2005 (et 2003 sous ce nom). Les kids amoureux de ses sets d’Ibiza, du drop, de la basse gonflée et du kick brulant vont retourner sept fois leur casque avant de se laisser faire puisque c’est ici Richie l’amoureux d’avant-garde et de pérégrinations cosmiques que l’on entend. Hawtin se rêve en Stockhausen des temps modernes, un sentiment surement suscité par le lieu où fût capturé le projet, le Guggenheim Museum de New York. On connait tout l’amour et l’implication de Richie Hawtin dans l’Art contemporain, la volonté d’y diluer son image, de s’y associer (son travail avec Anish Kapoor, sa participation à Monumenta…) et cet EX s’inscrit sans le cacher dans sa discographie côté galeriste.

EX sort le 14 juillet chez Mute/Minus.

Date de péremption : impérissable.