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L’interview de Yelle : “Notre carrière s’écrit comme des chapitres”

A l’occasion de la sortie de son 3e album “Complétement Fou”, nous sommes partis à la rencontre de Julie Budet, la chanteuse de Yelle, rédactrice en chef pendant tout le week-end.

Villa Schweppes : Safari Disco Club est sorti il y a maintenant 3 ans, c’est le temps qu’il vous a fallu pour créer Complètement Fou ?

Julie Budet – Yelle :L’album est effectivement sorti en mars 2011 et nous avions commencé à tourner à partir de l’automne 2010. La grande tournée s’est achevée début 2012 : nous étions vraiment fatigués et j’ai eu des petits soucis de cordes vocales.
Nous nous sommes rapidement remis à retravailler sur des morceaux en studio. C’est au moment où l’on a rencontré Dr Luke que les choses se sont accélérées d’une manière qu’on n’attendait pas vraiment…

C’est cette précédente tournée qui vous a inspirés pour ce nouvel album ?

Non, nous avons vraiment besoin de l’ambiance du studio pour composer. On fait évoluer notre carrière comme des chapitres, on a besoin d’emmagasiner puis digérer pour ensuite repartir sur de nouvelles créations.

Comment en vient-on à rencontrer un aussi gros producteur américain que Dr Luke ?

C’est une connaissance qui nous a révélé qu’un certain Dr Luke aimait beaucoup ce qu’on faisait et qu’il aimerait nous rencontrer. Honnêtement, on ne savait pas exactement de qui il s’agissait, même si son nom nous parlait. On s’est discrètement renseignés et c’est à partir de ce moment que l’on s’est rendu compte qu’il était l’un des plus gros producteurs pop aux USA ! Ce que l’on ne savait pas, c’est qu’il nous avait remarqués avec notre remix d’ “Hot And Cold” (Katy Perry) en 2008, puis était venu nous voir en concert et avait beaucoup aimé.

Comment s’est passée cette rencontre ?

On a d’abord échangé des mails puis on a Skypé. Dr Luke nous a envoyé quelques instrus : c’est le point de départ, nous avons alors commencé à travailler sur un premier morceau pour l’album, “Un jour viendra”. Il nous a ensuite invités un mois chez lui, à Los Angeles, pour faire des plus grosses sessions de travail.

Notre musique s’est étoffée, affirmée et reste reconnaissable.

Ça a changé votre approche de la composition ?

C’était nouveau pour nous de travailler de cette façon, c’est la première fois qu’on ouvrait notre cercle à d’autres personnes. Tout s’est très bien passé, on s’est surpris à nous adapter aussi vite à cette nouvelle façon de faire. Du coup, on a appliqué cette méthode à l’écriture et on a fait appel à Tacteel (TTC) qui est venu bosser chez nous, en Bretagne.

C’est finalement un album entre L.A. et la Bretagne ?

C’est ça ! C’est un pont entre deux côtes ouest ! (rires)

Complètement Fou semble peut-être un peu moins fou que ses prédécesseurs, mis à part ces pop-corns bleus…

On voulait trouver un élément qui face aussi bien référence à la culture américaine qu’à culture française, un élément pop, quelque chose de représentatif du divertissement. Le popcorn est arrivé très vite dans nos esprits. Le bleu représente l’océan, c’est un clin d’oeil au fait que l’album a été fait entre les USA et la France. Et puis, ça reste une forme étrange, assez unique, qui explosait : un peu comme nous, quelque part !

Si le succès doit prendre plus de temps pour s’installer en France, cela prendra plus de temps.

On prend un risque si l’on dit que Yelle s’américanise un peu ?

Il y a un juste équilibre entre ce que nous faisions avant et ce nouvel album. Je pense que c’est une évolution normale. Notre musique s’est étoffée, affirmée et reste reconnaissable. Quand on a fait écouter l’album, les gens nous disaient “C’est vous mais en plus gros“. Ça reste du Yelle, il ne faut pas que les gens se disent “Ça y est, elle a fait son album d’Américaine avec de la grosse prod‘”.


Vous n’avez pas été tentés d’écrire et de chanter en anglais ?

Même si on parlait anglais au quotidien, avec les musiciens et la maison de disques américaine, j’ai l’impression que chanter en français c’est ce qui a fait notre différence à un moment. Je ne me vois pas me mettre à chanter en anglais en cours de route, ce n’est pas logique. L’importance des mots est encore trop grande, j’ai envie d’être précise avec ma langue maternelle. Chanter en anglais n’est donc pas à l’heure du jour ; en toute franchise je ne me pose même pas la question.

Depuis le premier album, le succès a dépassé les frontières françaises et s’est même presque décalé. A regarder le nombre de concerts à l’étranger, peut-on dire que Yelle n’est finalement pas prophète en son pays ?

Les tournées ont toujours eu lieu à l’étranger, je trouve que c’est important de prendre ça en compte et je veux avant tout répondre à une demande. Ce sont les USA qui se sont tout de suite positionnés sur cette tournée. On préfère privilégier les endroits où l’on se sent attendus et les USA en font partie tout comme l’Europe du Nord, l’Europe de l’Est et l’Espagne. On espère que l’album marchera en France pour faire plus de dates ici. Si le succès doit prendre plus de temps pour s’installer en France, cela prendra plus de temps.

Pas trop d’amertume vis-à-vis du public français ?

On a toujours fait ce qu’ils nous semblaient bon de faire, on est ravis de faire des tournées à l’étranger, c’est super excitant. J’aimerais bien plus tournée en France mais ce n’est pas non plus un but en soi.

Qu’est-ce qui a joué le plus dans l’exportation à l’étranger ?

Le premier remix de Katy Perry qui a très bien fonctionné à l’étranger mais ce sont surtout des mini clips qui étaient diffusés sur MTV entre les pubs qui ont engrangé le succès. C’est fou l’influence que cette chaine peut avoir. Katy Perry a aussi souvent tweeté nos clips et nos chansons, évidement ça avait un impact. Notre live a beaucoup aidé à faire parler de nous aux USA. Les Américains fonctionnent comme ça, par bouche à oreille.
Il y a aussi Coachella, qui a forcément été pour nous une sacrée mise en avant médiatique.

Propos recueillis par Léopold Lemarchand et Yann Guillou

Yelle est notre rédactrice en chef invitée tout le week-end sur Villa Schweppes

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