Skip to content

L’évolution de Christophe en 6 morceaux

Christophe suscite la fascination chez les mélomanes les plus pointus pour sa capacité à ne jamais choisir entre avant-garde et grandes chansons. Panorama en 6 tracks.

Aline (1965)

Parler d'”Aline”, c’est l’évidence. Voici Christophe, jeune dandy populaire, qui explose en arrivant avec une chanson digne d’un Sinatra à voix plus aigue. Comme il l’a très bien décrit au magazine Le Point, “avec Aline, j’ai pas mal emballé” : Christophe est alors compris comme un “chanteur à minettes”, dandy à l’italienne, charmeur et populaire. Cette image lui collera à la peau jusqu’au années 80, alors que dès le début des années 70, le chanteur se mue en artiste expérimental.

Le Dernier des Bevilacqua (1974)

Nous sommes en 1974. Christophe sort ce qui sera considéré comme l’un de ses plus grands albums : Les Mots Bleus. Ce disque sonne le début de la liberté créatrice du Beau Bizarre. Le morceau qui occupe la première piste est des plus étonnants : sur plus de 9 minutes, Christophe va mettre à l’amende chaque grand courant musical des années 70. Les intros progressives, le glam rock à guitares héroïques, le disco de Claude François, les guitares folk à 12 cordes, il les maîtrise, les domine, et les livre dans une espèce de mash-up musical impressionnant. Comme s’il avait eut besoin de montrer au public qu’il était capable de faire “comme tout le monde” avant de prendre sa propre voie. Vous connaissez mal la musique 70’s ? Ce morceau la résume presque entièrement.

Harp Odyssey (1972-82)

Ce morceau, à l’origine, à été composé entre 1972 et 1982. Christophe ne la révèlera qu’à travers Les Paradis Retrouvés, un album de maquettes sorties en hommage à Francis Dreyfus, boss du label du même nom. Le nom du morceau, “Harp Odyssey” est aussi une référence à son . La musique ? Une séquence hyper lourde de synth-bass sur un beat binaire froid et mécanique. On s’étonne qu’aucun producteur de techno n’ait encore édité le morceau, tant celui-ci offre un potentiel impressionnant. Toute la force de frappe de Christophe débridée en 2 minutes 25. La track suivante, sur le même album, offrira aussi son lot de surprise à l’auditeur.

Je t’aime à l’envers (1996)

Christophe a eut envie, à un moment, de revisiter les chansons d’un de ses maîtres, . Il réinterprète alors “Surender” de Suicide avec une espèce d’enregistreur à bande. Pour l’essai, il met cette version à l’envers. Ça lui plaît, et il décide naturellement de pousser la chanson plus loin encore qu’un simple hommage. Il la recrée, la réinvente, et en fait “J’t’aime à l’envers”, l’un des morceaux expérimentaux les plus fédérateurs de son répertoire. On est ici au comble de l’art de Christophe : construire une chanson qui puisse plaire à la masse tout en la basant sur une expérimentation alambiquée.

La Man (2001)

La Man, c’est un véritable voyage interstellaire sur la thématique d’une femme capricieuse. On est au sommet de l’art de Christophe : un pur travail de la matière, de l’ambiance, avec des synthétiseurs qui bouclent sur des mélodies entêtantes, des guitares solaires et réverbérées et des “fantômes de son” comme lui seul sait les créer. C’est le prototype de la “variété améliorée” de laquelle il se revendique, et plus encore, un manifeste du Christophe des années 2000.

It Must Be A Sign (2008)

Sorti sur Aimer ce que nous sommes, “It Must Be A Sign” est une pièce de 5 minutes tout à fait particulière. Menée par un duo piano-cordes habité et intense, soutenu par des synthétiseurs dignes des plus grandes musiques de films, renforcée de samples, cette chanson illustre la volonté de Christophe d’être un “déclencheur d’effets”. Chaque son est finement choisi, rien n’est laissé au hasard, jusqu’à ce final arabisant de toute beauté : Christophe a su créer là l’un des morceaux les plus beaux et étonnants de l’histoire de la musique française.