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Izia : “La musique c’est vital, si je ne fais pas de concert je meurs”

Izia est notre rédactrice en chef invitée tout au long de ce week-end. Entre son 3e album La Vague, son héritage familial, l’amour qu’elle porte à son public et sa seconde casquette de comédienne, elle se raconte avec le franc-parler qui la caractérise tant…

Maintenant que ton nouvel album est sorti, tu as le recul nécessaire pour le présenter ?

Je trouve toujours des choses différentes à dire à propos de cet album à chaque interview, ce qui est assez intéressant d’ailleurs. Au début je parlais d’une évolution puis je me suis rendu compte que ce n’était pas correct. Le premier album c’était la naissance, le second l’évolution et le 3ème le nouveau départ. J’ai eu une prise de liberté où j’ai pu vraiment faire ce que je voulais. Je trouve ça débile de se dire qu’un artiste est cantonné à un style et c’est vraiment excitant de changer. Ça fait du bien de te dire que tu peux le faire.

As-tu eu peur de déstabiliser ton public avec cette nouvelle direction musicale ?

En fait, je n’y ai pas pensé. Quand je suis en studio, je ne pense vraiment qu’à moi, aux personnes avec qui je travaille et à ma musique. Les fans, il faudra y penser quand je serais sur scène et ce concert sera pour eux à 200%, dévouée corps et âme. En studio il ne faut pas y penser car sinon l’album ne sera pas sincère. Donc non, je n’y pense pas et les gens un peu déçu non plus car ils ne sont pas si nombreux que ça.

Peut-on dire que tu abandonnes le rock avec “La Vague” ?

J’en ai un peu marre de mettre des étiquettes sur ma musique, je ne peux pas la définir. Chacun mets le nom qu’il a envie, lui donne le style qu’il veut. Moi je trouve cet album toujours rock avec une teinte plus moderne, plus sensible et émouvant. Avant c’était souvent dans les extrêmes car ma voix devait se battre contre les guitares et les cymbales. Avec cet album, j’ai vraiment pu poser mes sensations.

Tu as privilégié l’émotion à l’énergie, finalement…

Complètement. Je me sens encore plus forte maintenant alors que je chante moins fort. J’ai l’impression d’être plus maître de mes moyens et plus en accord avec ma musique. Je suis vraiment allée là où je voulais. Depuis que j’ai l’âge de 15 ans je fais du rock, avec la musique dansante j’ai cette impression de me livrer un peu plus.

J’ai eu une prise de liberté où j’ai pu vraiment faire ce que je voulais.

Sur scène, comment joues-tu avec cette évolution ?

On a baissé un peu en intensité les anciens morceaux. Je n’ai plus envie de crier, ni d’entendre des guitares fortes dans mes oreilles, ça me rend limite hystérique. L’énergie est évidemment toujours là. On a upgradé les nouveaux morceaux, ils ont pris de l’énergie en étant joué par des instruments organiques et ça prend une puissance supplémentaire. Du coup les anciens morceaux et les nouveaux s’allient parfaitement, il y a vraiment une cohérence à laquelle je m’attendais absolument pas.

Les musiciens qui te suivent ont aussi participé à l’album ?

Mon batteur a beaucoup bossé sur l’album et il me suit en tourné en ce moment. C’est lui qui a importé toutes les boites à rythme hyper dansantes. Il est un peu le chef d’orchestre de cette tournée. Quant à mon guitariste, j’ai le même qu’il y a 10 ans mais lui n’a pas trop travaillé avec moi sur l’album, on a simplement co-écrit quelques morceaux. Il avait un peu de mal, ce n’est pas évidemment pour tout le monde de changer de cap. Il a tout de même tenu à faire la tournée car c’est notre histoire et il sait s’adapter.

C’est l’énergie live qui l’intéressait, pas l’émotion que tu as mis dans l’album ?

Voilà ! Notre énergie n’a vraiment pas changé. On a beau faire une musique différente, l’énergie est toujours là au contact d’un public, un peu comme un Gremlins au contact de l’eau : je commence à transpirer et c’est parti ! Et c’est pour ça que j’ai vachement reproché à mes fans de parler d’une ” nouvelle ” ou d’une ” ancienne ” Izia.

Ton public reste le même ?

Les gens sont contents de me retrouver, tout autant que moi. J’ai l’impression de ne pas avoir vu des amis pendant 2 ans. Il y a une bienveillance dans mon public qui est vraiment très rare. Il y a des jeunes, des parents, des grands-parents. Pour la plupart ils me suivent depuis longtemps et le fait que je sois honnête avec eux les met en total confiance avec moi. On est sur un rapport très sain et très humain. On se taquine beaucoup sur scène : je me fous de leur gueule, ils se foutent de la mienne, il y a quelque chose de très taquin. Je les charrie, la phrase d’après je leur dis que je les aime, parce que je le pense. C’est toujours entre la provocation et l’amour.

Pour moi la musique c’est vital, si je ne fais pas de concert : je meurs.

Cette variété de génération dans ton public, tu penses que c’est lié à ton histoire familiale ?

Evidemment. Ils aiment mon père, il a aussi écrit des chansons pour moi et ils m’ont vu grandir puisque je suis beaucoup apparue en public avec lui. Malgré moi, et je remercie mon père pour ça et ses fans merveilleux, j’ai pu profiter de la sympathie que les gens avaient pour lui.

“Fille de”, “soeur de”… On peut lire ici et là que c’est trop facile de réussir quand l’entourage est célèbre. Comment as-tu géré ce genre de critiques ?

En vrai, je m’en fiche. Ce n’est pas un problème et ça n’a jamais été une chose difficile pour moi. Chacun réagit comme il veut. Je sais que mon frère (Arthur H) n’aime pas trop que l’on lui parle de papa, moi je n’ai aucun problème là-dessus. J’adore parler de mon père dans le sens où il fait partie de ma vie, il m’a élevé et m’a donné la passion que j’ai. Pour moi cette critique n’est pas du tout recevable, ça ne me touche pas. Je crois en mon histoire et en l’évolution de mon groupe. On a tout de même commencé à 5 dans un Kangoo pour aller jouer devant 100 personnes dans des petits festivals. D’autre part, mon père m’a donné de bonnes valeurs dans la musique. En fait, je suis bien entourée, j’ai une famille géniale, j’ai rencontré les bonnes personnes, on a pris soin de moi.

Tes activités de comédienne peuvent prendre le pas sur la musique ?

Quand j’étais petite je voulais être comédienne, puis j’ai fait de la musique car c’était évident pour moi car il y avait plus de liberté. Le cinéma m’a un peu rattrapé après le soir où Patrick Mille m’a vu remporter mes deux Victoires de la Musique à la télé et qu’il s’est dit que c’était moi qu’il voulait pour son film. Mais aujourd’hui, si on me pose la question, je ne me sens pas comédienne.

Pour moi la musique c’est vital, si je ne fais pas de concert : je meurs. Si je ne fais pas de film, la vie continue. J’éprouve beaucoup de plaisir à jouer la comédie, j’ai envie de faire encore plein de films mais je prends plus de plaisir sur scène. Pour moi le cinéma c’est vachement plus un “travail” que la musique. Tu as des horaires, c’est hyper hiérarchisé et tu vis dans le regard de l’autre. La musique, c’est plus personnel et je suis ma propre patronne puisque c’est moi qui donne la direction à tout le monde. On est tous sur un pied d’égalité, tout le monde s’écoute dans le respect.

Tu as invité Orelsan sur le titre “Les Ennuis”…

C’est un vieux pote. On s’était rencontré au festival du Printemps de Bourges, on s’est retrouvé ensemble et on a fini la soirée à jouer dans sa chambre d’hôtel à jouer aux jeux vidéo. On s’est vraiment marré. Puis il m’a proposé de venir chanter pour “Regarde Comme Il Fait Beau” et j’ai fini par jouer dans le clip déguisée en ours ! Quelques jours après notre rencontre, il m’a proposé de venir passer le week-end à Caen (sa ville natale, ndlr) avec son frère et un autre ami. C’était génial et on a vraiment tissé des liens. C’est quelqu’un que j’adore et, qui plus est, bosseur. C’était finalement le juste retour d’ascenseur de l’inviter sur mon album.

Hormis Lescop avec qui tu as écrit deux chansons, il y a d’autres artistes qui t’ont aidée inspirée pour cet album ?

Louis, mon batteur qui a été très important et avec qui je vais bosser je pense toute ma vie. Il a un groupe qui s’appelle Blind Digital Citizens, qui est super. Il est signé sur le label Entreprise avec des artistes comme Grand Blanc, Moodoïd. Ce sont des gens que je respecte énormément.

Propos reccueillis par Léopold Lemarchand et Yann Guillou

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