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Interview : Quoi de neuf Rone ?

Erwan Castex aka le talentueux producteur Rone était de passage “en touriste” au Workshop InFiné. On en a profité pour papoter avec lui… avant la sortie de son troisième album tant attendu.

La Villa Schweppes : Bonjour ! Quoi de neuf ?

Rone : Ohlala quoi dire ? Et bien je suis en train de travailler mon nouvel et troisième album qui est bientôt prêt et là on réfléchit encore à quand le sortir. Affaire à suivre…

Dans quelle optique es-tu venu à ce Workshop InFiné ?

J’ai décidé de venir au dernier moment en touriste, en spectateur. Ici, il y a plein de musiciens qui se retrouvent, essayent des choses puis les présentent. Normalement c’est ce que je fais aussi quand je viens et j’étais encore tenté d’emporter mon synthé ce week-end mais ma copine m’a dit : “Arrête tes conneries”. Effectivement, ça fait des mois que j’ai la tête dans mes machines et ce n’est pas plus mal que je fasse un petit break et que je prenne un peu de recul sur mon travail.

Dans tes rêves les plus fous, qui aimerais-tu rencontrer au Manoir et que lui dirais-tu ?

C’est dur comme question ! Si tout est possible, je citerais quelqu’un de décédé et/ ou qui n’a rien à voir avec la musique électronique et puis forcément une personne géniale comme Mozart ou Jimi Hendrix.

Et que leur dirais-tu ?

“On se fait un petit boeuf cet aprem, quelque chose ?” (rire).

Donne-nous trois mots pour décrire ta musique.

Je dirais “bricolée”, déjà. Ensuite, “contrastée” et… trouver un troisième mot c’est plus dur ! J’ai envie de dire “expérimentale” mais ça ne veut rien dire et puis ça peut paraître pompeux…

“Expérience”, peut être ?

Oui, voilà, merci ! “Expérience” parce que j’aime bien l’idée d’expérimenter des choses dans ma musique sans pour autant que celle-ci devienne obscure. Au contraire, je la souhaite spontanée. Donc “Spontanéité” en quatrième mot si j’en ai le droit.

L’après Tohu Bohu

Requête accordée ! Quoi de nouveau depuis la sortie de Tohu Bohu ?

Et bien tout s’est vraiment accéléré depuis Tohu Bohu : des scènes beaucoup plus grandes, pas mal de propositions du cinéma, de dates, de rencontres…

Des moments marquants ?

Plein ! Depuis l’album, j’ai pu me retrouver devant 15 000 personnes à Dour et devant 50 personnes à Brooklyn, aux Etats-Unis, mais avec Sufjan Stevens au clavier et Bryce Dessner (The National) à la guitare. D’ailleurs on a échangé notre numéro avec ce dernier. Je ne pensais qu’il y aurait une suite et pourtant il m’a rappelé en me disant : “On est en train de terminer notre album et on aimerait bien que tu mettes ta patte là-dedans”. Très flatteur ! Ce sont surtout ces rencontres que je garde en mémoire. Il y a aussi eu Etienne Daho pour lequel je viens de faire un remix ou encore le violoncelliste Gaspar Claus, même si ça fait un moment que je le côtoie…

Est-ce que tu te vois revenir au cinéma (Rone a travaillé dans le milieu, ndlr).

Non, pour l’instant la musique occupe toute la place de mon cerveau. Je suis admiratif de ces musiciens, comme Mr Oizo, capables de combiner musique et cinéma mais moi je n’arrive pas à faire deux choses en même temps !

Et pourquoi ne pas revenir au cinéma par ce biais là, en produisant des musiques de film ?

Oui, voilà, c’est possible et ça serait cool ! Je suis sur quelques projets dans ce sens qui pourraient se faire… Sinon je me vois quand même bien réaliser des films à 70 ans quand j’aurais une longue barbe.

De Berlin à Paris

On constate depuis quelques années une nouvelle effervescence de la musique électronique et de la fête à Paris présentée comme le nouveau Berlin. Tu en penses quoi, toi qui a vécu à Berlin, justement ?

Je suis mal placé pour en parler parce que je ne suis pas encore vraiment revenu à Paris vu que j’ai bossé sur mon album à la campagne. Je ne sais donc pas encore vraiment ce qu’il s’y passe, je ne me sens plus Parisien ! Quoi qu’il en soit, je sens qu’il se passe effectivement plein de choses depuis que je suis parti en Allemagne, mais de là à parler de “nouveau Berlin”, j’ai du mal à y croire… En tout cas, ces dernières années, j’ai vu apparaître pas mal de petits producteurs pas forcément à Paris mais partout dans la France, en Bretagne, dans le Sud, dans le Pays basque…

D’autres noms à nous citer ?

Et bien la bande de Baleapop, le petit festival basque qui monte. Les gens qui l’ont monté me touchent d’autant plus qu’ils n’ont aucune ambition commerciale. Ils veulent juste que ça reste un évènement intimiste.
En Bretagne aussi ça bouge pas mal avec les festivals Astropolis et Panorama… Ce qui est sûr c’est qu’en terme de festivals, la France n’a rien à envier à l’Allemagne ! Après, le mot “club” en France je ne le supporte pas. Il est, pour moi, synonyme d’agressivité et de carré VIP. À Berlin on fait la fête avec une autre mentalité. La nuit est plus cool, plus libertaire.

Cette scène reste quand même beaucoup plus masculine, non ? La parité n’est pas encore d’actualité ?

Oui c’est vrai que c’est un milieu de mecs mais je ne saurais pas trop comment répondre à cette question… Je ne me sens pas responsable, je fais juste ma petite musique dans mon studio, je suis innocent, moi ! (rire)
Plus sérieusement, c’est vrai que dans la musique électronique on attend des productrices qu’elles soient sexy en plus de faire de la bonne musique. Ça doit être difficile de jongler avec ça, j’en suis sûr, on en a beaucoup parlé avec Clara (Moto, ndlr). Après je pense que quoi qu’il arrive une fille qui fait du son mortel, y croit et lâche rien peut y arriver. Il ne faut pas réfléchir et être défaitiste. Et puis je connais plein de super nanas qui font du super son et qui galèrent, mais aussi plein de mecs qui font du super son et galèrent tout autant !

La nuit de Rone

Quelle est ta “killer track” qui marche à tous les coups ?

Le truc c’est que, depuis trois ans, j’ai arrêté les DJ sets et ne fais désormais que des lives où je joue mes morceaux. Je vais donc devoir citer celui que je maitrise le plus, peut être, à savoir “Bye Bye Macadam”. À chaque fois que je le joue, je sais que le public va réagir.

C’est ton préféré ?

Non pas forcément même si je l’aime bien. C’est juste le morceau que je peux le plus réinterpréter en live.

À quel(s) DJ(s) confierais-tu ta nuit ?

Un line up parfait ? C’est dur parce que je ne sors plus beaucoup depuis que je fais du son et suis donc un peu Has-been. Mais disons que j’aime beaucoup ce que fait James Holden. Et puis, après lui, pourrait jouer Dixon.

Quoi de prévu pour la suite ?

Donc ce projet de nouvel et troisième album et puis des projets de musique de film, des collabs mais je ne peux rien dire pour l’instant !

Des dates ?

Ah oui, j’allais presque oublier ! (rire) Fin septembre je commence une tournée aux Etats-Unis en Tour Bus (ce qui est un peu nouveau pour moi). 19 concerts en 22 jours ! C’est cool, je suis super content !

La nuit…

La nuit… blanche !