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Etienne Jaumet, l’exception qui surpasse la règle

Passionnant tant dans son parcours que dans sa musique, Etienne Jaumet sera notre rédacteur en chef invité cette semaine. Session de rattrapage pour mieux appréhender le personnage.

Cette semaine nous recevons Etienne Jaumet comme Rédacteur en Chef Invité. Depuis le début de sa carrière, l’homme n’a cessé de surprendre, d’inventer, de se frayer un chemin à part dans la jungle musicale mondiale. Son nouvel album La Visite, dont nous vous dévoilerons le premier single demain à midi, verra le jour le 23 novembre prochain sur Versatile.

Une pièce maîtresse de l’électro française actuelle

La première vraie rencontre entre le grand public et l’artiste date des années 2000. En 2008 sort A Land For Renegade, le premier album de Zombie Zombie qui fascine dans les milieux électroniques : avec Neman d’Herman Dune, Jaumet y développe un rock hypnotique sur synthétiseurs oubliés. Tant dansant qu’évocateur, ce disque va donner à Etienne Jaumet sa place dans le trio qui a réveillé la musique électronique française, aux côtés de Rebotini et Turzi.

Les armes de ces trois garçons sont les mêmes : des références au psychédélisme 70’s, aux expérimentations 80’s, au rock allemand, l’usage d’instruments analogiques et un goût marqué pour l’exploration. Si Turzi a largement exploré la veine rock de cet horizon, si Rebotini l’a transcendé dans la techno, Jaumet est celui qui a mené le plus loin l’expérimentation, la transe, l’hypnose électronique.

En solo, il pousse le vice : en 2009, il sort Night Music, produit avec Carl Craig, entre musique de danse et musique synthétique illustrative, qui l’impose dans un milieu club qu’il n’avait jamais vraiment revendiqué. Dès lors, Jaumet est culte, figure patriarcal d’une certaine musique synthétique française dans laquelle on peut aujourd’hui classer Egyptology, Volcan ou encore Sommet. Qui est cet homme étrange qui fait une musique si spéciale ?

Un parcours inattendu

Pour tenter de comprendre toute la richesse du personnage, il faut savoir que Jaumet ne vient absolument pas de la techno, mais est le produit d’une frustration liée aux années 90. Comme il nous l’a expliqué lors de notre rencontre : ” Dans les 90’s, la production anglaise était toute puissante. Ce que les gens faisaient en France était vraiment atroce “. Pas plus séduit par les raves, il part ainsi à la recherche d’une musique différente, il découvre les souterrains 70’s, Lard Free ou Heldon en France, Can, Kluster ou même la finesse de Kraftwerk en Allemagne.

Après avoir mis le pied à l’étrier aux côtés de Flop, avec qui il joue du saxophone, il rejoint les Married Monk, formation ambitieuse entre musique progressive, psychédélisme fin et tendance aux arrangements avant-gardistes. Bester, rédacteur en chef de Gonzaï, décrivait l’histoire du groupe dans nos colonnes : ” Pendant toute leur carrière, personne ne les a vraiment soutenu. Aujourd’hui, il y a un retour de hype genre ” Ah, c’était bien les Married Monk ““. Trop riches, trop durs, trop ambitieux, peut être, les Married Monks auraient tendance à ressortir des placards aujourd’hui avec la grande explosion du psyché français.

Quoi qu’il en soit, rien ne prédestinait le garçon à sortir ses disques sur la maison du DJ french touch Gilb’R, à agiter le derrière des kids en club avec ses boîtes à rythmes. Ni même à être l’un des collaborateurs les plus marquants de James Holden lors de la tournée de The Inheritors.

Populaire sans se trahir

En 2012 sort l’une des pièces majeures du répertoire de Jaumet, l’album Rituels d’un Nouveau Monde, de Zombie Zombie. En duo, il y explore cette fois ce qui ressemble à un paysage de jungle fantasmée, concevant une bande son fascinante de la découverte de territoires vierges imaginaires.

Une pelletée de grands festivals plus tard, Zombie Zombie est un blockbuster de la musique française avec une musique pourtant instrumentale, étrange et loin des sentiers battus. Jaumet, en parallèle, se penche plus avant sur des horizons plus expérimentaux à travers des collaborations plus confidentielles avec la chanteuse 70’s Emmanuelle Parrenin, la plasticienne Felicie D’Estienne d’Orves ou encore le leader d’Heldon, Richard Pinhas.

Jaumet est ainsi une figure incontournable de la musique de notre temps, capable de fasciner les auditeurs les plus pointus comme d’emmener les danseurs dans des contrées nouvelles.

La Visite

Aujourd’hui, il s’apprête à sortir son second album solo, La Visite. Dessus, Jaumet repousse totalement ses limites. Produit dans des conditions proches du live, cet album est celui sur lequel il s’autorise le plus d’audaces : énormément de cuivres, des voix, des morceaux étrangement plus club que sur le précédent, des plages sublimes de contemplation… C’est un disque magnifique, très radical, tout à fait hors norme, qui sortira le 23 Novembre.

Pour patienter, sachez que nous passerons cette fin de semaine en sa compagnie. Et que, surtout, demain à midi, nous vous révélerons en avant-première le premier single de l’album. Restez attentifs.