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Emile Haynie, la sensibilité masculine au bout du fil

Pour la sortie de son premier album, We Fall, le célèbre producteur Américain Emile Haynie a fait appel à tous ses nombreux amis, Lykke Li, Charlotte Gainsbourg, Lana Del Rey, Rufus Wainwright ou tant d’autres. L’occasion de lui poser quelques questions par téléphone, entre Londres et Paris, deux villes qu’il ne quitte plus !

Villa Schweppes : Bonjour Emile, ravie de vous rencontrer par téléphone… Je suis désolée si la connexion en anglais n’est pas parfaite !

Emile Haynie : Pas de problème, mon anglais n’est pas parfait non plus de toute façon, il est même très mauvais…

Vous êtes en direct de Londres mais vous êtes de Manhattan, à quoi ressemble votre vie là-bas ?

Emile Haynie : Alors elle est en train de changer car je pense partir de Manhattan, j’aimerais déménager à Los Angeles. C’est bizarre car ça fait bien 16 ou 17 ans que je vis à New York. Il ne me manque pas grand chose pourtant pour virer côte Ouest. Je dois y aller car toute la scène musicale est là-bas, de nombreuses personnes avec qui je travaille, qui sont d’ailleurs en featurings sur mon album, habitent à Los Angeles.

On vous connaît surtout comme producteur d’artistes Hip-Hop notamment, Ice Cube, Eminem par exemple, mais aussi de Lana del Rey , Bruno Mars, etc. Quand avez-vous décidé de produire votre propre album We Fall ?

Emile Haynie : Tout a commencé en janvier de l’année dernière, j’écrivais énormément de chansons et c’est venu naturellement de les transformer en un album. Après 3 ou 4 chansons complètes, mes amis m’ont vraiment encouragé, je me suis dit que c’était une bonne idée de me lancer. Et puis c’est vrai que ce sont des amis du monde de la musique, comme Andrew Wyatt, Mark Ronson et des producteurs ou musiciens qui me sont vraiment très proches.

Comment s’est passée cette première expérience d’album ?

Emile Haynie : C’était cool, très libérateur ! Toute ma carrière se base sur le fait d’aider les artistes à donner le meilleur d’eux-mêmes, c’est le job d’un producteur, faire en sorte que la musique qu’il y a dans leur tête devienne réelle, vraie. Pour l’album, c’était l’occasion pour la première fois d’appliquer cette méthode sur moi-même… C’était drôle et gratifiant.

Quelle est l’histoire de cet album, quand est-ce qu’il est né ?

Emile Haynie : Le tout début, c’est avec la chanson ” Falling Apart ” (featuring Andrew Wyatt and Brian Wilson), c’est d’ailleurs la première musique de l’album, j’ai eu du mal au départ à la faire car c’était beaucoup dans l’émotion, très intime aussi. J’étais allongé sur un canapé un jour, j’ai commencé à y penser et à l’écrire. Je suis ensuite allé en studio, j’avais tout un clan de gens cool et sympathiques autour de moi, Mark Ronson, Jeff, Andrew Wyatt, ils bossaient d’ailleurs sur l’album de Mark. J’ai balancé cette chanson hors de ma tête à ce moment précis.

Je venais de me séparer, j’étais à fleur de peau, très émotif.

Et l’écriture, pour un producteur, c’est courant ?

Emile Haynie : Non, je n’écrivais pas tant que ça, juste quelques co-écritures sur certains morceaux, généralement pour aider. Je ne m’étais jamais posé seul à écrire mes propres chansons, c’est la première fois.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire les chansons de ” We Fall ” ?

Emile Haynie : C’est sans doute la vie de tous les jours, le quotidien. Il faut dire qu’à ce moment précis, je venais de me séparer, j’étais à fleur de peau, très émotif et sensible. J’ai écrit surtout sur ce sujet…

Vous avez enregistré cet album dans une chambre du Château Marmont, quelle atmosphère particulière à cet hôtel ?

Emile Haynie : Oui, j’ai tout enregistré depuis la chambre ! J’adore le design de cet hôtel, c’est très ancien et il y a une sorte d’énergie créative. En plus, de nombreuses personnes artistiques côtoient ce lieu, ils restent au Château Marmont pour n’importe quelle raison, des musiciens, des réalisateurs, des acteurs, etc. Ils venaient aussi dans ma chambre pour parler, travailler ou tout simplement se relaxer. Il y a même eu des chorégraphes qui sont passés pour écouter ce que je faisais. Encore un environnement encourageant !

En vous écoutant, on a l’impression que cet album est venu naturellement, sans difficulté…

Emile Haynie : C’était vraiment très simple et naturel. Certains moments étaient compliqués bien sûr, j’étais contrarié par mon histoire amoureuse. Mais tout s’est fait par évidence et les personnes qui ont collaboré sont quelque part connectées à l’album.

Cet album est particulièrement sensible, doux, avec une grande place faite aux émotions. C’est donc possible pour un homme aussi d’être romantique et émotionnel ?

Emile Haynie : Oui ! Et je pense que ça arrive plus souvent que ce que l’on croit. Malheureusement, les hommes sont sensibles aussi. Et puis je suis Cancer comme signe astrologique… Né en juillet. Cela me rend forcément émotionnel. (Rires). Bon après je ne lis jamais mon horoscope mais on me rapporte souvent ce qu’il est inscrit.

Emile Haynie, homme sensible.

Emile Haynie : Je valide.

Vous avez de nombreux featurings sur l’album, comment avez-vous travaillé avec tous ces artistes ?

Emile Haynie : Ce sont quasiment tous des amis, j’étais à l’hôtel et ils venaient me voir, comme Lykke Li ou Lana Del Rey, Florence and the Machine, the XX… De toute façon, ce sont des personnes avec qui je sors régulièrement, avec qui je vais prendre un café. Ils passaient dans ma chambre pour me voir et c’était naturel d’enregistrer un titre par la même occasion. Mais ça se passe comme ça en général dans ce secteur, on se voit, on organise une session et on enregistre.

Quelle fut votre réaction à la première écoute de We Fall ?

Emile Haynie : Ma réaction était plutôt bonne ! Au moment de masteriser, j’étais à Londres et je me souviens avoir écouté pendant une très longue marche les morceaux, pendant 3 heures, je les ai écouté 3 ou 4 fois chacun… Ça m’a fait faire un peu d’exercice !

L’album raconte ma vie, mes émotions.

Avec toutes ces voix, Lana Del Rey, Lykke Li, Randy Newman, était-ce évident de créer une unité, une homogénéité entre les morceaux ?

Emile Haynie : Je crois que tout est lié à l’écriture, j’ai quasiment écrit tous les textes des chansons, les voix sont comme l’embellissement de mes émotions, ensemble, elles parlent des mêmes sujets, des mêmes sentiments, j’ai signé la production donc j’y ai mis une manière de travailler. C’est un gros morceau travaillé avec pas mal de collaborations. L’album raconte ma vie, mes émotions et c’est une ” timeline ” des épreuves sentimentales que j’étais en train de vivre. C’est une histoire chantée par différentes voix.

C’est compliqué de faire un album sur la base d’émotions… Car j’espère qu’aujourd’hui, vous êtes plus heureux en amour. C’est difficile de l’entendre cet album pour tourner la page ?

Emile Haynie : Non ça va, effectivement je ne suis plus dans cet état émotionnel et c’est vrai que parfois je me retrouve dans une situation embarrassante. Et de temps en temps, ça me blesse encore. Mais on ne peut pas être si embarrassé par notre passé, il faut l’accepter. Puis aujourd’hui j’écoute la musique plus que les émotions que j’avais, la manière dont ça a été produit, j’en suis content.

Je vais bientôt retourner en studio avec Lana Del Rey.

Quels sont vos prochains projets ?

Emile Haynie : En ce moment, je travaille avec de nouvelles personnes, sur de nouveaux albums. Je vais bientôt retourner en studio avec Lana Del Rey aussi. On verra si je fais un autre album en mon nom mais c’est bien trop tôt pour en parler !

On entend la voix de Charlotte Gainsbourg sur We Fall, comment ça s’est passé ?

Emile Haynie : On parlait depuis bien longtemps, on avait envie de travailler ensemble. Je me souviens de sa venue en studio, on écoutait de la musique ensemble, on a vraiment sympathisé ! J’avais ce morceau (ndlr : ” A Kiss Goodbye “) pour elle, je lui ai joué et elle a adoré tout de suite. Ça a été enregistré et c’est devenu quelque chose de drôle sorti de nulle part…

Est-ce que vous allez travailler ensemble après cette première expérience réussie ?

Emile Haynie : J’adorerais. J’aime sa voix, sa musique, c’est quelqu’un de spécial, d’unique. On en a déjà parlé.

L’occasion peut-être aussi de venir à Paris !

Emile Haynie : J’essaie de venir à Paris le plus souvent possible ! Je suis toujours à Londres pour le boulot et la plupart du temps, j’essaie de prendre le train pour Paris une journée ou deux car l’un de mes meilleurs amis vit à Paris. J’aime bien traîner dans le Marais, la nourriture, je suis souvent dans des restaurants très classiques et classieux. Et puis j’achète toujours du fromage et de la viande, c’est très cliché, avec du pain. Pour ne rien vous cacher, j’avais envie de venir demain mais je dois rentrer à New York… Ça va me manquer ! J’aimerais venir plus souvent encore dans votre ville.

Donc après Los Angeles, la France, c’est noté.

Emile Haynie : Pour moi, c’est vraiment la plus belle ville de la planète. C’est un rêve pour moi de venir vivre 6 mois à Paris. Mais je dois rencontrer une femme d’abord. Et ça, c’est difficile. J’ai un humour très sarcastique donc je ne suis pas sûr que cela vous plaise. J’ai l’impression que les hommes Français sont très romantiques, contrairement avec moi qui suis juste drôle, ça ne fonctionne pas avec les Françaises.

Il faut changer de lieu de sortie, du Marais alors qui est plutôt étudiant et gay comme quartier.

Emile Haynie : Ou alors je dois plutôt aller vers les hommes. Ou bien vous suivre en soirée !

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