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De Kaytranada à Nicki Minaj, la Miami Bass ferait-elle son grand retour ?

Des basslines percussives, des gros plans sur des fesses rebondies… Ne serait-ce pas le retour de la Miami Bass ?

Depuis 2012, la pop culture est rentrée dans l’ère des fessiers qui bloblotent. Si depuis le choc que fut le clip de Diplo et Nicky Da B, “Express Yourself “, le monde vit au rythme des twerks et des grosses basses, c’est peut être à cause des années 80. A cette époque, du côté de la Floride, des mecs avaient révolutionné le hip hop avec quelques ajouts bien “gourmands” qu’on redécouvre aujourd’hui sur MCM. Ferions-nous face à un revival de la Miami Bass ?

L’art de la basse

Pour situer grossièrement le mouvement, il faut rappeler l’histoire de la musique hip hop : en gros, les DJs prennent le micro pour ambiancer la salle et faire le show en jouant du Kraftwerk et de la funk – c’est ultra ultra résumé. De là arrive le monument Afrika Bambataa, défini comme l’un des premiers maîtres et son “Planet Rock”, sur laquelle se basera une immense partie du rap des 80’s.

La Miami Bass va ajouter une dimension plus proche du bassin, tant dans l’esthétique que dans la musique qui, dès le milieu des 80’s, va se renforcer par exemple de basses percussives très marquées. Ce sont ces kicks “allongés” qu’on retrouve aujourd’hui dans nombre de hits populaires. Dynamix II, dès 87, s’est chargé de déterminer le son du mouvement avec sa track ” Just Give The DJ A Break “. Mettez un casque – Miami BASS – et écoutez plutôt.

Redécouvrons maintenant les tubes de l’été, running gags musicaux pour les uns, véritables perles dancefloors pour les autres, marqueurs de la pop culture pour l’histoire. Par exemple, le duo fracassant entre Jason Derulo et Snoop Dog, ” Wiggle “. D’où vient cette basse ? Justement, des kicks mélodiques de Dynamix et consorts. On retrouve les même, à titre d’exemple, dans la trap music, qui updatait déjà le genre en insérant entre autres son “clap” typique.

Plus pointu, l’explosion de l’année dans le monde du beatmaking était Kaytranada. Synthés 80’s, kicks mélodiques, percussions “raw” : un morceau comme “Free Things in Life”, sorti sur Bromance, est une directe réactualisation de cette vague floridienne des 80’s.

L’obsession de la fesse

On s’étonne ou se réjouit à la vue de tant de popotins dans les clips actuels. Il y a d’abord eu, dans les années 2000, une espèce de sensualité, des filles plutôt minces et/ou des bimbos lascives dans des jacuzzis. Désormais, les réalisateurs proposent des odes à plus de formes et et de mouvements. On recentre l’attention sur l’arrière train, à l’image, justement, de Diplo, qui a trouvé avec le Twerk une manière presque potache, drôle de l’amener. Le corp n’est plus tant sexualisé que mis en scène dans quelque chose de drôle voir “provocant”.

C’est sûrement l’un des éléments de la Miami Bass qui a le plus traversé le temps. Il suffit de taper ” Miami Bass mixtape ” sur Youtube pour tomber sur une avalanche de derrières en strings pris en gros plan. Illustration avec cet excellent mix pédagogique qui vous mettra parfaitement au parfum sur le répertoire du genre. Illustration flagrante : la pochette mythique du ” As Clean As They Wanna Be ” de 2 Live Crew est restée comme l’un des emblèmes du mouvement.

Leave Nicki Aloooone

Mais c’est le dernier morceau de Nicki Minaj qui fait rentrer à nouveau le monde dans 80’s. Son “Anaconda” a énormément fait hurler les âmes sensibles aux quatre coins du monde et rire jusque dans notre rédaction. Pourtant, tout est là : ce morceau est un magnifique hommage à cette musique, tant à travers ses samples appuyés qu’à travers la ligne esthétique de la vidéo qui l’accompagne.

D’abord, l’instru : à quelques éléments près, le gimmick du track, comme les samples de voix masculine, viennent tout droit d’un morceau culte de Sir Mix-A-Lot, “Baby Got Back”. Elle applique par dessus un flow à la “Supersonic” de JJ Fad, ajoute la modernité de passages plus trappy et le compte est bon : voici “Anaconda”. Plus encore, dans les deux morceaux, il est question de défendre le caractère affriolant de séants volumineux.



La seule différence, finalement, entre “Anaconda” et “Me So Horny” ou “Baby Got Back”, c’est que la fille aux fesses mouvantes est la chanteuse. Elle fait visiblement le choix – opportuniste ? – de s’appuyer sur tout un patrimoine solide, tout un pan de la culture américaine, pour développer son travail et sa carrière. Le bashing – à buzz – que subit actuellement Nicki Minaj est donc soutenu par une méconnaissance dudit corpus musical.

En connaissance de cause, ce qu’on peut clairement reprocher à la pauvre Nicki, c’est un pillage sans sous-texte à l’intention des jeunes générations. Mais ce qui est certain, c’est en tout cas que si revival il y a, elle est en est à son plus pur sommet.