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C.A.R. à pleine vitesse, Fritz Kalkbrenner décalqué : Le Rayon Frais

C’est reparti ! Quels sont les bons – et moins bons – disques qui sortent cette semaine ? Scan de ceux de Tamara Goukassova, Run The Jewell et plein d’autres encore !

Fritz Kalkbrenner, pas mauvais mais guimauve

Qu’est ce qui agite la superette ? Fritz – le frère de Paul – Kalkbrenner, sort un quatrième album qui ressemble à un quatrième chapitre dont les pages radotent un poil.

On s’en relève la nuit ? Oui et non. Fritz Kalkbrenner n’a jamais cédé aux facilités de la techno de stade comme son frère. Moins compromis, il cisèle la production et s’installe dans un sillon un peu informe où le squelette techno est charnu d’une deep house très (trop) guimauve. Loin de la minimale berlinoise, Fritz pousse le chauffage dans la techno, cherche la boiserie, caresse toujours le jazz, sature l’album de hook un peu gras et collant et signe chaque titre de sa voix mi-soul mi-maladroite. Comme à l’accoutumée. Comme à l’accoutumée, l’album est gavé de cette nostalgie du voyageur homesick. Comme à l’accoutumée. Le problème avec Fritz est cet enjeu quasi inexistant d’un artiste qui se répète, se mime et radote. On se retrouve à réécrire les même lignes sur Fritz, tandis que Fritz devrait se réécrire.

Run The Jewels II, deuxième bijou

Qu’est ce qui agite la superette ? EL-P, bonhomme cool qui a donné un pendant abstrait au rap revient avec Killer Mike comme on fait son retour dans une banque déjà braquée.

On s’en relève la nuit ? Ho oui. Impétueux, fougueux, véhément, Run The Jewels assure ses arrières. Jamais remis des folies type Speakerboxxx d’Outkast, le duo enfile les productions démentes, parfois farceuses (prémices au Meow The Jewels à venir, version de leur titre chantée par des chats…) s’amusant, chose clairement communicatif. Le deuxième est solide, punchline toutes les trois virgules et maintient une atmosphère entre Tarantino, une ruelle sombre et la conquête spatiale. Rien d’étonnant à ce que ce deuxième essai soit signé chez Nas (Mass Appeal Records) et attire les featurings de Zack de la Rocha (Rage Against the Machine), Travis Barker (Blink-182) et le collaborateur de Beyoncé : Boots.

C.A.R. joue-t-elle avec les limitations de vitesse ?

Qui ça ? C.A.R., le projet solo de Chloé Raunet. Après d’imparables morceaux au sein de Battant et la fin funeste du groupe, la chanteuse s’est remis le pied à l’étrier seule, prête à rattaquer frontalement. On garde d’ailleurs un bon souvenir de son live à pleine vitesse à la Kidnapping.

Ça flash combien de points ? Cet album My Friend oscille entre dépassement des limitations outrageux – perte de permis garantie – et respect finaud des zones 30. La force de ce disque est peut être de ne pas signaler les moments de grâce, de les faire arriver discrètement, au point que l’auditeur ne s’en rend compte qu’à la fin des morceaux. C’est beau, c’est puissant et jamais tape à l’oeil.

Tamara Goukassova met des courbes dans les synthés

Qui ça ? L’ex-Konki Duet Tamara Goukassova renaît tel un phénix dans le post-punk, ici en solo dans une formule synthétique. D’abord très lo-fi dans un premier 45 tours, puis remixée par Claude Violante, EDH ou encore Victoria Lukas, la protégée d’Alpage Records passe au sérieux avec un EP nettement “mieux” produit.

Ça vaut le coup ? Oui, les synthés sonnent tout en rondeur, tout en épaisseur. L’espèce d’émotion voilée de ses premiers morceaux jaillit ici à pleine puissance. Pudique, austère et pourtant si haletant, ce nouveau court sonne comme la parfaite bande son d’un trajet en train au petit matin, oscillant entre rêve et paysages fulgurants.

La Féline, reine pop

Qui ça ? Depuis 2009 qu’elle zone dans les sous-couches musicales de notre capitale – avec un détour par les Etats Unis – La Féline est un nom installé. Pourtant, nombre d’entre vous étaient passés à côté, par flemardise ou par occasion manquées. On a été très fiers de vous présenter son single bombe atomique “Les Fashionistes”.

Le long format est-il aussi bon ? Oui, de A à Z. La Féline réinvente la musique francophone, fait un hold-up qu’on n’attendait plus d’elle, de son single aux tréfonds de son album. C’est le carton plein : des plages synthétiques aux guitares cristallines, en passant par la justesse du texte, tout est là, c’est beau.

Sage ne ment pas sur son nom

Qui ça ? Le leader de Revolver – si, si rappelez vous – se lance en solo dans un projet plus intimiste, toujours aussi composé mais plus électronique. Un premier EP arrive donc à point nommé en forme de faire-part de naissance.

Pour quel public ? Les mamans, forcément : une pop tendre, mélancolique et très harmonieuse, voilà ce que donne ce nouvel EP. Malgré tout, rien ne vous empêche de plonger dans ces quatre titres doux comme du miel dans un thé brûlant.