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Amy Winehouse, le documentaire musical choc

Amy est de ce genre de film où le temps de la projection, tout s’arrête : l’espoir, la vie, notre souffle. Présenté cette année en séance spéciale au Festival de Cannes, ce documentaire signé Asif Kapadia est bouleversant.

Un sérieux gâchis

Les premières images diffusées et là, c’est le choc. Amy Winehouse, cette artiste si talentueuse, cette voix en or originale et puissante est montrée à l’adolescente, une sucette à la bouche, décontractée. Avec son groupe d’amis, ils se filment à l’aide de leurs téléphones portables, ils blaguent, ils chantent. On peine à la reconnaître cette Amy joyeuse, légèrement ronde, les cheveux bien noirs et l’esprit libre et heureux. Pour ce film, le réalisateur Anglais Asif Kapadia (Senna, Far North) a utilisé toutes les images possibles et ce, malgré la qualité de certaines au profit de l’émotion dégagée. Par un montage de l’abondance, avec des images qui se succèdent de la star internationale à son plus jeune âge jusqu’à sa majorité, on se noie dans cette vie qui débute à Southgate, un quartier de Londres. Amy Winehouse a grandi dans une famille juive fan de jazz. Elle entend très tôt son père Mitchell, chauffeur de taxi, chanter du Franck Sinatra. Sa mère Janis la soutient dans son début d’études et c’est surtout sa grand-mère qui la caline, prend soin d’elle alors que commence à naître son attrait pour le danger, le lâcher prise.

Une chanteuse de jazz

Le documentaire que la famille Winehouse a détesté, ce que l’on va vite comprendre pourquoi, est chronologique. Sans aller dans les détails, Amy montre les différentes étapes professionnelles et personnelles de l’artiste, ses rencontres amoureuses déterminantes dans sa vie (notamment son mariage drogué avec Blake Fielder-Civil), ses concerts où elle donne tout, son alcoolisme naissant et sa toxicomanie. Quelques interviews de proches viennent ponctuer les images de la star sur scène, chez elle ou en studio. Peu à peu, à force de s’attacher à elle, Amy se transforme en personnage de fiction que la vie n’épargne pas. Le parti est pris de la part du cinéaste qui la place sur un piédestal, cette voix et cette personnalité fragile, toujours sollicitée par sa famille, ses copains, ses fans. Noyées dans une tristesse, une nostalgie qui faisait son charme au début, Amy Winehouse se dégrade, se fait mal, devient agressive. De ses idoles jazz comme Tony Benett avec qui Amy va enregistrer un titre à Billie Holiday à qui l’on compare sa voix, Amy Winehouse surtout connue pour sa pop ne va jamais oublier sa voix jazzy.

À force de s’attacher à elle, Amy se transforme en personnage de fiction que la vie n’épargne pas

Jusqu’à une fin tragique

La seconde partie du documentaire Amy nous emmène dans sa déchéance de vie et de succès. Devenue très maigre, malade, Amy Winehouse continue ses tournées avec la pression de son père ou plutôt son manager paternel. Il ne garde de tendre que son goût pour l’argent, la violant dans son intimité, l’obligeant à se produire malgré son état de santé. Images volées, paparazzi, on découvre le nouveau visage drogué d’une fille qui n’a voulu que chanter, travailler, partager et surtout aimer. En 2003 pour son Frank, en 2006 pour Back to Black, un album qui lui amènera le GrammyAwards, à chaque nouveau succès, c’est un coup de marteau qui suit pour cette artiste meurtrie. Ses textes, comme nous pouvons l’entendre dans le film avec un son tout particulièrement soigné, documentaire musical oblige, racontent ses douleurs, ses maux, la pression permanente qu’elle sublime. “Rehab” en est la preuve flagrante. Et ce, jusqu’à sa mort le 23 juillet 2011 à Londres dans son appartement, malgré plusieurs tentatives pour s’en sortir, le corps a lâché par overdose d’alcool. Amy, 4 ans après, fait toujours sensation et ce film le prouve tant les réactions sont vives à son sujet. La rebelle britannique au look pin-up et à la voix forte sait encore se faire entendre.

Amy, de Asif Kapadian
En salle le 8 juillet 2015