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Ala.ni : “Aujourd’hui on tombe amoureux d’une voix pas d’une couleur de peau”

Derrière ses berceuses fragiles rappelant les années 30, Ala.ni cache une personnalité pétillante. Toute nouvelle dans le métier, elle profite simplement de l’aventure et se laisse porter par la sortie de ses 4 EPs saisonniers “You & I”. Découverte.

Villa Schweppes : Vous avez toujours fait de la musique mais êtes restée jusqu’alors très discrète. Pourquoi démarrer une carrière maintenant ?

Ala.ni : Un jour je me suis tout simplement sentie prête à le faire. J’ai travaillé dans de nombreux domaines comme le cinéma et la mode, je suis tombée dedans par hasard d’ailleurs. Ma mère était dans la haute couture et un jour j’ai fait une robe qui s’est retrouvée sur un podium pendant la Fashion Week donc je suis restée dans le milieu. J’ai toujours eu plusieurs projets en même temps et j’ai sentie que c’était le bon moment pour me mettre à la musique.

Quand a démarré l’aventure ?

Ala.ni : Il y a deux ans seulement. Mais j’ai eu besoin de découvrir ma voix et mon style parce qu’avant j’étais choriste et on m’avait appris à l’école à chanter de la soul, du r’n’b. Moi j’étais plus Julie Andrews, voyez-vous. On s’attendait pas à ce qu’une femme noire chante ce style de musique.

Aujourd’hui les gens tombent amoureux d’une voix pas d’une couleur de peau.

Ça a été difficile en tant que chanteuse noire de s’imposer avec une voix “blanche” ?

Ala.ni : J’ai pensé au départ que ça allait être difficile mais j’ai finalement compris que tant que je serais moi même et que je ne prétendrais pas être quelqu’un d’autre tout ce passerait bien. Aujourd’hui les gens tombent amoureux d’une voix pas d’une couleur de peau. Regardez Amy Winehouse, elle a bien réussie à faire changer les choses et elle est rentrée dans l’histoire !

Quelle est votre histoire avec la musique ? Quelle place occupe t-elle dans votre vie ?

Ala.ni : J’ai commencé le théatre à l’âge de 3 ans. Ensuite, de mes 5 ans à mes 15 ans, j’ai passé mon temps à travailler toutes les formes d’art à l’école. Je voulais être danseuse au départ. Puis j’ai découvert la musique qui est littéralement ma vie aujourd’hui. Je suis malheureuse les jours où je ne chante pas. Mais je suis surtout obsédée par les sons en fait. A Londres, le British Museum a une architecture circulaire comme la Cité de la Musique où nous sommes aujourd’hui. Quand j’y vais, j’adore faire du bruit et écouter la résonnance (ndlr: Ala.ni pousse une note très forte). C’est merveilleux !

Je ne comprends pas pourquoi aujourd’hui on enregistre les sons les plus pures possibles pour ensuite leur coller des effets dessus.

Votre musique est très pure et d’une extrême simplicité. Pourquoi ce choix d’utiliser si peu d’instruments ?

Ala.ni : J’ai écrit toutes mes chansons a capella et je les ai travaillées avec un pianiste classique. Au départ, on avait des rêves de cordes, de pianos… Quand on a enregistré, c’était fou ! Puis j’ai fait écouter les sons à Damon (Albarn), et il m’a dit “tu as perdu le contrôle de ta musique”. Il connaissait les versions a capella et il a trouvé que c’était beaucoup trop. Il m’a conseillé de tout enlevé. C’est ce que j’ai fait et je pouvais enfin entendre ma voix. J’ai été jusqu’en Allemagne pour trouver un vieux micro des années 30 afin de lui donner une texture particulière. Les gens n’ont pas compris tout de suite où je voulais en venir. On m’a dit : “tu vas devoir cleaner tout ça !” mais c’est absolument ce que je ne voulais pas ! Je ne comprends pas pourquoi aujourd’hui on enregistre les sons les plus pures possibles pour ensuite coller des effets dessus.

Pourquoi faire de la musique vintage ?

Ala.ni : J’aime tout ce qui est vieux (rires). Non en fait je m’intéresse beaucoup à la préservation de la musique. Et puis à l’école, on me reprochait toujours d’être une “chanteuse paresseuse” alors autant faire diparaître le tempo et créer mes propres règles. Je ne chante qu’avec un guitariste et il sait exactement où je m’arrête, quand je veux ralentir, etc. Je suis libre.

Damon Albarn ne m’a jamais pistonné. Il m’a toujours fait comprendre que je serais d’autant plus fière d’y arriver par moi-même

Quel rôle a joué Damon Albarn dans votre carrière ?

Ala.ni : J’étais sa choriste avant. Il m’a toujours énormément supporté. Quand je lui ai parlé de mon projet il m’a dit : “vas-y fonce!”. Mais il ne m’a jamais pistonné, il m’a toujours fait comprendre que je serais d’autant plus fière d’y arriver par moi-même. Il avait raison. Il a toujours été de bons conseils. C’est grâce à lui que je suis revenue aux chansons a capella ! Mais je lui ai dit que ce n’est pas parce qu’il avait eu raison cette fois-ci que j’allais toujours l’écouter à l’avenir ! (rires)

De qui vous inspirez-vous quand vous composez ?

Ala.ni : Tout peut m’inspirer. Je peux regarder la forme d’un bâtiment, en prendre une photo dans ma tête et la transformer en mots après. Il n’y a pas de règles. Je suis très sentimentale aussi et j’aime observer les gens. J’adore rester silencieuse dans un coin et observer comment ils se comportent.

Parlez-moi de vos EPs, que vous sortez au fil des saisons…

Ala.ni : C’est une histoire d’amour qui commence au printemps et se termine en hiver. On découvre l’amour qui grandit au début puis les choses se ternissent. Ce concept d’Ep s’est fait par accident. Au départ, je voulais faire un film à vrai dire. Mes chansons ne devaient être qu’une bande-originale. Et puis on m’a ouvert les yeux. Faire un film m’aurait pris 5 ans au moins ! J’ai donc décidé de sortir les chansons seules et c’est là que j’ai remarqué qu’il y en avait 12 et que je pouvais les sortir 3 par 3 suivant les saisons. Ma chanson “Cherry Blossom” était parfaite pour le printemps. J’avais déjà tourné une vidéo avec un filtre bleu à la mer qui serait parfaite pour l’été. Donc dès que ça s’est décidé, j’ai tourné une vidéo avec des tons d’orange et des feuilles mortes afin d’être prête pour l’automne.

Travaillez-vous déjà sur un album ?

Ala.ni : Pour l’instant je profite de mon projet. Je travaille sur un concept de petites boites, celle de l’EP d’été est noire en acrylique, que je vais vendre avec mon album chez Merci (111, boulevard Beaumarchais 75003) (ndlr : elle me montre le prototype ). Il y aura un petit négatif de mon clip à l’intérieur et un code pour télécharger l’album sur internet. J’aime bien prendre le temps de faire des choses que j’aime ! L’année prochaine je retravaillerai toutes les chansons pour un album.

Allez-vous faire des festivals cet été ?

Ala.ni : Très peu, j’ai besoin de silence. Je n’aime pas chanter au milieu du brouhaha des groupes d’à côté. J’aime les choses intimes, les concerts en petit comité.

Avez-vous découvert des artistes récemment ?

Ala.ni : Oui ! J’adore Blick Bassy, c’est un artiste camerounais qui joue du banjo et dans ses chansons il y aussi de la trompette et du violoncelle. On dirait Nina Simone, c’est sublime !

You & I SUMMER EP ( disponible)
Site officiel d’Ala.ni
Ala.ni sera au Fnac Live Festival le vendredi 17 juillet (scène du salon)