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“Hey QT”: PC Music joue sur les ambiguïtés

Fausse campagne de pub, vraie-fausse chanteuse, pop des masses à l’avant-garde : le monde de la musique (du futur?) exposé en un clip.

PC Music est l’idée merveilleuse de l’esprit déviant de l’anglais AG Cook. Ce label renouvelle la pop de masse en appuyant ses traits les plus crasses, dans le propos musical tant que dans la façon de présenter ses oeuvres. Il joue au medium en poussant à son climax chacune des “options” qu’envisage l’industrie phonographique pour redevenir financièrement viable après la crise du passage au digital. Et, peut-être plus encore, la façon que le monde a d’aborder l’objet culturel.

Parmi tout son catalogue, le projet QT est sans aucun doute l’un des plus intéressants. Cette one-hit-popstar est, on le sait, une création du leader du label et du producteur Sophie – que le grand public connaît pour son travail sur le dernier album de Madonna. Son objectif : faire la promotion d’une fausse boisson énergisante à travers une musique entièrement brandée à l’effigie de celle-ci.

En façade, une jeune fille dont on ne sait pas grand chose : est-ce seulement l’enveloppe qui incarne la création de ces deux avant-gardistes fous ou pose-t-elle réellement sa voix sur le morceau ? Et cette question sous-jacente : est-ce vraiment important ? A l’image des icônes de notre temps, le personnage éclipse volontairement tout le reste.

Cet avatar est à QT ce qu’Hatsune Miku est à une foule de compositeurs au Japon. Le clip, dans lequel elle semble incarner une poupée de plastique prenant vie ne fait que renforcer cette sensation. Cocasse : les responsables de ce projet poussent le vice jusqu’à refiler des canettes de ce mystérieux élixir lors de leurs shows.

La verité est dans les ambiguïtés

Des questions se posent : dans un clip de PC Music, la présence d’un casque Beats est-elle un placement produit? Un detournement de cette pratique? C’est toute l’ambiguité sur laquelle jouent ces artistes. Il y a des milliers de lignes de lectures possibles dans ce projet brillant et on n’a pas fini d’en découvrir.

Si aimer les productions des visionnaires de PC Music relève de prime abord de la reddition face à l’horreur pop, les écoutes répétées montre une clairvoyance fascinante chez ces anglais. Ce qui n’était alors qu’un track eurodance avec vocaux Jpop insupportable devient une création qui évoque une actualisation des premiers assauts du situationnisme.

PC Music singe le music-business et son avenir. Certain reprocheront au crew de ne pas prendre parti, mais c’est finalement heureux : le simple fait de générer tant de questions est salutaire et vertueux.

Dans cette démarche, leur musique par nature catchy est une arme de conquête qui leur permet d’aller chercher, outre le public investi dans le fait musical, les teens avides d’idoles pour les plonger dans leur géniale mascarade. Quelle que soit la proportion que prendra celle-ci, ils semblent determinés : pour preuve, ce single sort sur la prestigieuse maison XL Recordings.

Du lard ou du cochon ? Qu’importe, finalement. PC Music est le monde de demain, sinon celui d’aujourd’hui. Et quand celui-ci est à leur merci, on y est entraîné sans pouvoir opposer la moindre résistance.